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Églises, démagogie, naïveté : les trois plaies de Kinshasa

Kinshasa subit moins l’incidence de pauvreté par rapport aux autres provinces du pays. Pourtant, ici aussi les indicateurs sont au rouge et, dans la capitale congolaise, les Objectifs mondiaux de développement sont loin d’être atteints. Sur le terrain, derrière l’Etat, on décèle l’influence obscure de l’église, le mauvais leadership politique et la naïveté de la population. Ce sont-là les trois
plaies de Kinshasa

Tocqueville disait : « Le peuple n’a de meneur que celui qu’il mérite. » Les leaders kinois enfoncent la population dans la pauvreté en exploitant sa naïveté. Dans la capitale congolaise, réputée bouillante comme les fortes températures qui y règnent, les meneurs d’hommes accusent un égoïsme inqualifiable. Ils sont principalement politiques, et même religieux !

Des églises rivalisent de nombre de fidèles

Les Kinois remplissent les temples, les maisons de prières… Et souvent, ces églises n’ont pas de crédos distinctifs. La seule marque d’une église devenant ainsi son pasteur. Dans le contexte actuel, environ 80% des Congolais sont chrétiens. Mais en dehors de l’église catholique, le pentecôtisme conquiert la population. Les communautés évangéliques se multiplient dans un but uniquement mercantiliste. Avec des pasteurs souvent plus populaires que l’évangile qu’ils sont appelés à répandre.

Il est courant à Kinshasa de dire : « L’église de tel berger », plutôt que l’église de telle entité ou de telle commune comme du temps du Christ et des apôtres où l’on parlait de « l’église de Laodicée, de Corinthe… » En plus, le Kinois espère compenser sa paresse par la foi et la religion pour ainsi ne pas affronter les responsabilités de la vie.

Pas une église qui ne vante ses miracles

Chaque pasteur prétend accomplir des miracles. C’est ce qui lui attire des adeptes. Ces derniers veulent entendre parler en langues, avoir des prophéties, des visions, des guérisons… Chaque homélie tente de donner l’espoir. Chaque Kinois abonné à une église, croise les doigts attendant une prophétie venant de Dieu. Ce Dieu-là à qui il faut donner la dîme et les offrandes. C’est donc un peuple pauvre qui se trouve dépouillé par sa conception même de Dieu.

L’autre ennemi du Kinois c’est l’homme politique. Il a beau changer de visage, le politicien demeure le même, vicieux, malicieux, opportuniste et démagogue. Par rapport aux villes de l’intérieur du pays, Kinshasa a l’avantage d’abriter ses propres institutions et même celles du pays. Mais la population reste distraite, envoûtée et se contente de mendicité. Le « djaleloisme » (éloges aux politiciens) et d’autres pratiques avilissantes sont inombrables. Le culte de la personnalité existe encore dans ce pays.

Les masses sont plus attirées par la ruse que par un leadership responsable. Le peuple pauvre hier et aujourd’hui, le sera assurément demain puisque ceux à qui il a confié aveuglément les clés de son avenir n’en ont que faire. Sous d’autres cieux, les élus restent célèbres par des lois qu’ils ont initiées, des commissions auxquelles ils ont participé, alors qu’en RDC, des élus, sans vision, sont célèbres pour les œuvres de charité à leurs concitoyens dont la majorité n’a pas accès à l’eau potable, à l’électricité, aux services de santé, etc.

Des jeunes manipulés

La jeunesse congolaise est la principale victime de cet affairisme dans le pouvoir d’Eglise et d’Etat. Ce sont les jeunes qui animent la plupart des départements dans les églises. C’est aussi eux qui composent les états-majors informels des politiciens. Ils chantent à la gloire des politiciens comme à la gloire des soi-disant ministres de Dieu, avec en contrepartie des miettes puisqu’on n’est pas censé être payé pour un service à l’église ou au sein d’un mouvement politique. Dans les deux cas, c’est la ruine d’une cité dont la jeunesse a abandonné les vertus du travail. Et ces futurs leaders n’emploieront que les mêmes méthodes pour gagner et préserver leurs fonctions.

Flatter les riches pour vivre

Le Kinois croit mieux faire en faisant des éloges à un individu qui lui paie une bière, au lieu d’aller par exemple cultiver. La réputation des gens venant de la capitale est la même dans le reste du pays : on les connaît comme de grands flatteurs.
Religieux sans foi, politiques sans cœur, c’est un peuple kinois miséreux qui fait semblant de vivre.

 

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