En cette période de campagne électorale, les candidats vont à la rencontre du peuple qui donne le pouvoir. Mais ils font face à un type d’électeurs qui exige de l’argent pour voter. Dans ce contexte, une question se pose : qu’est-ce qui a vraiment changé avec l’électeur congolais ?
Pour moi, trois choses me font croire que l’électeur congolais d’aujourd’hui n’est pas différent de celui d’hier. Dans ce sens que le seul critère pour voter n’est pas le projet de société, mais plutôt les dons et l’argent que les candidats distribuent pendant la campagne électorale.
1. Le vote tarifé
C’est peut-être l’innovation de cette année. Sur les réseaux sociaux, on a vu des gens se réunir de manière informelle, en association d’électeurs pour des services tarifés. Humour ou pas, on pouvait lire sur certaines pages Facebook et même sur certains comptes X : « Député provincial : 10 dollars américains, député national : 20 dollars américains. » En fait, ce sont-là les montants exigés par certains électeurs pour donner leux voix aux candidats qui les sollicitent. Bref, c’est le monnayage des voix.
2. Le vote tribal
Ça c’est un secret de Polichinelle. L’électeur congolais pense avant tout à la tribu quand il s’agit de voter pour qui que ce soit. Si vous voulez vous rendre compte de cette réalité, il suffit de présenter le nom d’un candidat à quelqu’un pour voir sa réaction. La première question qu’il pourra vous poser sera : « Il est de quelle tribu ? »
Cette manière tribale de voir les choses est tellement ancrée dans l’imaginaire collectif congolais que certains candidats n’osent pas mettre leurs pieds dans les milieux hostiles à leurs tribus.
3. Vote par influence
Pour ceux qui ont du mal à se décider sur qui voter, les indécis donc, ils seront entraînés par l’influence des autres. Tels des moutons, certains voteront pour quelqu’un qui leur sera simplement recommandé. La raison ? L’obligation morale d’obéir au mot d’ordre de leur leader politique ou religieux. C’est ainsi que naissent des marchés d’électeurs. On n’est pas surpris de voir des gens avec des listes de leurs proches pour vendre les voix aux candidats. C’est devenu monnaie courante.
Quel est ce candidat député qui a des moyens et qui n’a pas vu quelqu’un lui dire : « Honorable, j’aimerais vous confier ma base pour qu’elle vote pour vous » ? Est-ce par simple charité ? Détrompez-vous ! Le gars veut une enveloppe.
Il est donc évident que les mêmes méthodes utilisées pour élire nos représentants hier, nous guident encore aujourd’hui. D’aucuns trouvent que c’est le moment de se faire un peu d’argent avec les élections, de profiter de quelques t-shirts, képis, kilos de poissons ou mesures de riz qu’offrent les candidats. Ainsi, puisqu’il n’y a rien qui change dans notre manière de concevoir les élections, « les mêmes causes produiront les mêmes effets » !