Il y a quelques mois, l’Assemblée provinciale du Kongo Central a autorisé le gouverneur Grâce Bilolo à contracter un emprunt de 15 millions de dollars américains auprès de la BGFI Bank. De ce montant, 7 millions sont destinés à la construction d’un nouveau bâtiment de l’organe délibérant de la province. Cependant, des questions se posent sur la pertinence d’un tel projet. N’y a-t-il pas des priorités plus urgentes ?
Alors que les besoins essentiels et urgents de la population sont loin d’être satisfaits, mettre 7 millions de dollars (du reste empruntés) pour un bâtiment administratif, c’est même de la provocation.
Dans une ville de Matadi où les routes se détériorent jour après jour, où la Société nationale d’électricité impose à la population des délestages intempestifs incessants, et où plusieurs quartiers sont privés d’eau potable depuis des mois, l’utilité de cet investissement intertoge. Le choix du gouverneur de dépenser 7 millions de dollars pour un bâtiment administratif de prestige est perçu par beaucoup comme un luxe inutile.
À cela s’ajoute le fait que le chantier est lancé sur le seul terrain de football du quartier Ville-Basse, privant ainsi les jeunes de leur unique espace de loisir, au profit d’une institution jugée inefficace et budgétivore.
Coût excessif et manque de transparence
Le député provincial Arly Khuti a récemment révélé que si l’emprunt officiellement approuvé par l’Assemblée provinciale est de 15 millions de dollars, le montant réel pourrait atteindre les 20 millions. Il s’interroge également sur la transparence dans la gestion de ce projet. Plusieurs autres élus partagent son avis. Pour eux, ce chantier n’est pas prioritaire, surtout dans un contexte où la province est confrontée à des problèmes urgents qui exigent des solutions rapides. Alors que les besoins sociaux de base restent sans réponse -eau, électricité, routes -, investir tant d’argent dans un bâtiment administratif peut susciter la colère de la population.
Ce projet risque d’aggrandir le fossé déjà profond entre les institutions et les citoyens, qui peinent à percevoir l’intérêt réel d’un tel investissement dans leur quotidien.