J’ai pu rencontrer Joly Kamuntu, ancienne journaliste à la radio Maendeleo et Delphine Namuto journaliste à la radio Okapi pour comprendre le quotidien d’un journaliste au Congo. Interview.
Les journalistes doivent livrer une information vérifiée, utile et objective. Selon vous, pourquoi certains journalistes cachent la vérité ?
Joly Kamuntu : Cela fait maintenant plusieurs années que je fais ce travail. En RDC, les libertés de la presse sont encore à un niveau très bas par rapport à d’autres pays dans le monde. J’en ai déjà fait l’expérience. Un jour alors que je rentrais du travail, j’ai reçu un message sur mon téléphone :
« Vous avez pris de mauvaises habitudes en vous immisçant dans des affaires qui ne vous concernent pas. Les journalistes ne sont pas intouchable, maintenant certains d’entre vous vont mourir pour que vous la fermiez. Nous venons d’avoir l’autorisation par nos chefs et nous commencerons par Kadi Adzuba, puis Joly Kamuntu, et enfin Namuto. Une balle dans la tête pour chacun » m’a dit l’homme à l’autre bout du fil.
Suite à ce message, j’ai du m’autocensurer dans ma manière de livrer l’information. Je ne pouvais plus tout dire comme avant. Malgré tout, je ne peux pas oublier les côtés positifs de ma profession en l’occurrence la connaissance et la découverte du monde.
Et vous Delphine, avez-vous aussi déjà subi des pressions ?
Delphine Namuto : J’ai effectivement déjà subi des pressions et j’ai dû me construire des garde-fous. Car ma famille a déjà été menacée. La vraie difficulté est que le journaliste doit assurer sa protection seul avant d’avoir recours dans certains cas à des forces extérieures.