Le Kasaï-Oriental est aussi un champ de mines de diamant où florissent plusieurs commerces. Hommes et femmes y amènent toutes sortes de marchandises. Hélas, les enfants ne demeurent pas en reste. Ils viennent vendre beignets, cacahuètes et ce genre de choses. Problème, ces enfants passent et repassent même la nuit sur une zone plein de puits et de galleries souterraines à ciel ouvert. Le risque d’y tomber est très élevé. Certains puits sont profonds de 40 ou 50 mètres.
Dans certaines mines, les enfants sont plus nombreux que les adultes. Mais on y trouve des puits abandonnés et des galleries souvent invisibles car recouverts de végétation luxuriante. Souvent, les enfants comme les adultes, tombent dedans. Plusieurs fois, j’en ai été témoin car j’habite non loin du polygone Miba où se passe ce genre d’accidents. Cette concession de la Miba est surveillée par des policiers et des gardes miniers utilisant des chiens policiers très méchants. Il y a aussi des bandits armés communément appelés « suicidaires »… Tout cela au milieu des puits de 25, 30 ou 40 mètres de profondeur. C’est effrayant même pour les adultes. On a déjà enregistré des morts, des personnes tombées dans ces puits.
Mais les enfants y circulent dangrereusement en proposant leurs petites marchandises : cigarettes, jus, beignets, chikwangue, eau en sachets, etc. Ils prennent beaucoup de risques. C’est un milieu où crépitent les balles d’armes à feu à tout moment lorsque policiers et malfaiteurs s’affrontent. Un milieu où l’on risque même de perdre ses marchandises si jamais on croise les fameux « suicidaires ».
Vendre dans les mines c’est avantageux selon les enfants
J’ai posé à un enfant une question de savoir pourquoi il fait son commerce au polygone Miba avec tous les risques que cela comporte. Voici la réponse qu’il m’a donnée : « Grand frère, c’est Dieu qui nous protège. Là en ville, le commerce ne marche pas. Mais ici dans les mines, tout marche bien et vite. Nous pouvons même augmenter les prix de nos produits, les creuseurs de diamant ne discutent pas. Quand ils ont l’argent, ils achètent. Bien sûr, il y a beaucoup de dangers ici, mais cela n’arrive pas tous les jours ! »
Bien sûr cette réponse ne m’a pas convaincu. Rien ne peut justifier la présence d’enfants dans les mines. Mais dans tous les cas, le coupable c’est la pauvreté. Et l’État y est aussi pour beaucoup.
Un enfant tué par balle dans les mines
Un matin, le 26 février 2020, j’ai vu un attroupement d’une quarantaine de personnes. Je me suis approché pour voir de quoi il s’agissait. Là gisait au sol un jeune d’environ 14 ans. Il saignait abondamment au niveau de l’abdomen. Il était vendeur de cigarettes au polygone Miba. Mais un policier lui a tiré dessus parce qu’il avait refusé de lui donner la cigarette à crédit. C’est ce que disaient plusieurs témoignages sur place. Conduit à l’hôpital, le jeune homme a succombé à ses blessures.
Voilà pourquoi je dis : la place des enfants n’est pas dans les mines.