La maladie à virus Ebola qui frappe nos frères et sœurs de l’est de la RDC (Ituri, Nord et Sud-Kivu) aurait dû, à mon avis, susciter une grande solidarité de l’ensemble du pays. Les gens devraient se mobiliser pour compatir. C’est cela être une nation. Hélas, je constate que la plupart des Congolais de la partie centre et ouest du pays semblent ne pas se sentir très concernés par le malheur dont nos compatriotes sont victimes dans l’Est.
Je le dis parce que je connais mes compatriotes : ils ne s’unissent peut-être qu’à l’occasion du football, lorsque les Léopards ont remporté une victoire. En dehors de cela, chacun est dans ses affaires et s’en fout du reste. Je pense que ce n’est pas une bonne attitude en tant que peuples d’un même pays. Quand on parle d’Ebola et des massacres à Beni, beaucoup parmi nous sont indifférents et voient cela comme si ça se passait dans un autre pays. Pourtant, ce sont nos compatriotes qui souffrent. Je voudrais dire à nos frères victimes d’Ebola : nous sommes de cœur avec vous. Notre cœur saigne de voir toutes ces tragédies que vous traversez. Tôt ou tard ça s’arrêtera !
Le Congo de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, nous sommes une famille
Ne donnons pas l’impression à nos compatriotes victimes de l’épidémie à virus Ebola en Ituri, au Nord et au Sud-Kivu, qu’ils se battent seuls et que l’OMS, Médecins sans frontières et les ONG sont les seuls qui s’intéressent à leur sort. Nous sommes une nation, nous devons partager tous ensemble nos moments de douleur et de malheur. Dans une famille, quand un enfant est malade ou en difficulté, il aimerait sentir la compassion de ses autres frères et sœurs et de toute la famille. Ne serait-ce que lui demander comment ça va, peut le réconforter.
De même, la RDC avec ses 26 provinces est plus qu’une famille. Quand 2 ou 3 de ces provinces sont frappées par un malheur ou une calamité quelconque, elles aimeraient voir la solidarité et la compassion d’autres provinces. Elles espéreraient ne serait-ce qu’un soutien moral. C’est naturel.
Avec Ebola, personne n’est à l’abri
On peut être au Kasaï, au Katanga ou au Bandundu et penser que nous sommes à l’abri car l’épidémie est située très loin de nous, à plus de 2000 kilomètres. Je pense que nous commettons une erreur. La preuve : remarquez que l’avant dernière épidémie à virus Ebola était dans la province de l’Equateur plus au nord du pays. Qui peut m’expliquer comment en quelques semaines, le virus a voyagé du Nord vers l’Est, parcourant des milliers de kilomètres pour se retrouver depuis plus d’une année dans les deux Kivu et en Ituri ? Cela veut tout simplement dire que personne n’est à l’abri. Nos frères de l’Est ont besoin de notre solidarité.
Demain – on ne le souhaite pas du tout – mais un malheur encore plus grave peut aussi frapper l’Ouest, le Kasaï, le Kongo Central ou le Bandundu, et nous aurons besoin que nos frères compatissent. Bref, le combat contre Ebola ne devrait pas être laissé aux ONG et au docteur Muyembe. En tant que Congolais, nous pouvons y contribuer avec nos petits moyens pour appuyer les malades et les équipes de riposte ; ou alors juste en envoyant, à travers les médias, des messages de soutien à nos compatriotes victimes de l’épidémie. Cela va les consoler.