Justine M'Poyo Kasa-Vubu, crédit : photo tiers
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Ces femmes qui ont osé rêver de diriger la RDC de 2006 à ce jour

Depuis le premier cycle électoral en 2006, des femmes congolaises ont toujours aspiré à diriger la République démocratique du Congo. Elles ont été présentes dès la première élection présidentielle au suffrage direct, malgré le faible taux de participation dans la vie politique du pays.

Je vous présente ces femmes dans un petit retour dans le passé. Certaines sont connues et d’autres non.

En 2006

Au total 33 candidatures étaient enregistrées lors de l’élection présidentielle du 29 octobre 2006, parmi lesquelles quatre femmes. Il s’agissait des premières élections démocratiques au suffrage universel direct. Voici les candidatures féminines à la présidentielle de 2006 :

  • Justine M’Poyo Kasa-Vubu. Fille biologique de Joseph Kasa-Vubu, premier président du Congo. Femme politique active et présidente du parti Mouvement des démocrates (MD).
  • Marie-Thérèse Mpolo Nene Nlandu, présidente du Parti pour la paix au Congo (Congo-Pax). Alors qu’elle soutenait Jean-Pierre Bemba en novembre 2006, cette avocate au barreau de Kinshasa a fait l’objet des poursuites judiciaires et d’une arrestation pour incitation à la violence. Elle a été libérée par la suite et a passé plusieurs années en exil avant de rentrer au pays en 2021.
  • Wivine Kavidi N’landu, membre de la famille de Marie-Thérèse Mpolo. Elle a été candidate pour le compte du parti Union pour la défense de la République (UDR). Femme de lettres et femme politique, elle a exercé des fonctions importantes sous le régime du maréchal Mobutu. En 1997, elle s’est exilée en Afrique du Sud après le renversement de Mobutu par Laurent Désiré Kabila.
  • Catherine Nzuzi wa Mbombo. Femme politique congolaise de renom. Présidente du Mouvement populaire de la révolution « Fait privé » (MPR), qui l’a portée candidate à la présidentielle de 2006. Elle a aussi travaillé avec le président Mobutu et a occupé des postes influents.

2011, une affaire des hommes

Aucune femme parmi les 11 candidats retenus pour briguer la magistrature suprême à l’élection du 28 novembre 2011. Les femmes se seraient-elles peut-être résignées suite à leur échec à la présidentielle précédente ? Ou alors ont-elles attendu comme toujours un coup de pousse pour passer à l’action ?

L’exemple le plus frappant c’est lorsque dans une conférence, seuls les hommes posent des questions alors qu’on veut que les femmes s’expriment aussi. Le modérateur appelle à l’intervention des femmes comme si elles ne sont pas capables de prendre l’initiative d’elles-mêmes. Les Congolais n’ont donc eu de choix que devant des candidatures masculines.

De retour sur la scène politique

En décembre 2018, une femme comptait parmi les 21 candidats à la présidentielle. Un retour timide certes, mais les femmes ont tout de même été représentées par Marie Josée Ifoku. Une figure que l’on découvre pour la première fois sur la scène politique congolaise grâce à sa célèbre idéologie la « Kombolisation » (du lingala, Kombo veut dire balai en français) qui prône la rupture avec les antivaleurs et les prédateurs des deniers publics. Ce fut quand-même une avancée, plutôt que de n’avoir aucune femme candidate à l’élection présidentielle d’un pays qui compte plus de femmes que d’hommes. Mieux, plus d’électrices que d’électeurs.

Marie Josée Ifoku est à ce jour présidente de l’Alliance des élites pour un nouveau Congo (AENC).

Puis en 2023

Félix Tshisekedi a été réélu président de la République aux élections du 20 décembre 2023. Parmi les 26 candidats qui tenaient à lui succéder, figuraient deux femmes : Marie Josée Ifoku et Joëlle Bile. Mais cette dernière a jeté l’éponge en pleine campagne électorale et s’est ralliée à la candidature de Félix Tshisekedi. En effet, Joëlle Bile est une entrepreneure et ancienne journaliste. C’est pratiquement une nouvelle figure de la classe politique.

Ainsi, malgré le fait que les résultats de la récente présidentielle ont reconduit un homme au pouvoir, j’espère que les femmes n’abandonneront pas le combat aux prochaines élections. La RDC n’a jamais été dirigée par une femme, seul un combat sans relâche pourra un jour hisser la femme congolaise à la tête de ce grand et riche pays d’Afrique centrale.

 

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