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#60AnsDemainLaRDC : fierté et regrets d’un caporal témoin de l’indépendance

Né le 14 juillet 1935 à Ngandajika (actuelle province de Lomami), Symphorien Cibamba est un ancien caporal de la Force publique (1954-1956). Il a vécu l’accession de notre pays à l’indépendance. Après 1960, cet octogénaire ressortissant de l’école normale Saint Jean-Bosco Colomba, a été député provincial et plusieurs fois secrétaire des cabinets dans plusieurs ministères. Le vieil homme éprouve un sentiment mitigé sur les 60 ans de l’indépendance de la RDC. Il répond ici aux questions de notre blogueur Franck Mbambi.

Le 30 juin 1960 le Congo-belge devient indépendant. Où étiez-vous à l’époque et quelle a été votre réaction ?

J’étais à Lubao- Senteri où j’étais percepteur de la poste. C’était un moment d’une joie immense. Je me disais : nous sommes enfin libres !

En tant que Congolais, êtes-vous vraiment fier d’être indépendant ?

C’est une grande fierté d’être indépendants. En tant que tels, nous pouvons décider de l’avenir de notre pays, nous mouvoir librement à travers le pays. Ce qui n’était pas le cas à l’époque coloniale. Pendant cette période, nos mouvements, nos actions, notre vie étaient sérieusement contrôlés par le colon. Nous subissions son diktat. Nous sommes contents d’être indépendants, même si certaines choses n’ont pas marché comme l’auraient souhaité les pères de l’indépendance.

Avez-vous des regrets 60 ans après ?

Certainement ! Beaucoup de choses n’ont pas bien évolué durant toutes ces décennies. Primo, le pays a l’un des taux le plus élevé d’analphabetisme en Afrique. Depuis l’accession de notre pays à sa souveraineté, le système éducatif national s’est dégradé, si bien que beaucoup d’enfants sont restés en dehors du circuit scolaire. Ceci a constitué un handicap sérieux pour le développement du pays. Aucune nation au monde ne peut prétendre se développer dans un contexte pareil. Je suis content que le chef de l’Etat ait concrétisé la gratuité de l’enseignement de base en RDC. Je crois qu’au bout d’une certaine période, la donne pourra changer. Secundo, les Congolais ont fait preuve d’un manque d’esprit communautaire. Chacun travaille pour soi et souvent pour un enrichissement facile et illicite.

Tertio enfin, nos compatriotes ont déserté le travail. Après que le colon est parti avec sa férule, les Congolais se sont plongés pour la plupart dans l’oisiveté. Conséquence : la production nationale a sensiblement diminué, faisant de la RDC un pays a économie extravertie.

Quel regard portez-vous sur les jeunes d’aujourd’hui comparativement à ceux de 1960 ?

Les jeunes d’aujourd’hui sont presque perdus. Ils sont sans repère. Les gouvernants ne s’occupent pas d’eux. Il n’y a pas d’emplois pour les jeunes qui ont étudié, tout comme pour ceux qui n’ont pas étudié. Ils sont livrés à eux-mêmes. Voilà pourquoi, ils n’évoluent que dans les loisirs (musique et sports). C’est dommage parce qu’en 1960, ce sont les jeunes qui ont été le fer de lance de l’accession de notre pays à sa souveraineté.

J’appelle les jeunes d’aujourd’hui à plus de responsabilité, car le destin de notre Congo est entre leurs mains. Il faudrait aussi que l’État incite les jeunes à étudier, à travailler et à s’intéresser à la vie politique.

Que dites-vous de différents régimes politiques que la RDC a connus jusqu’à ce jour ?

Au total, cinq présidents se sont succédé à la tête du pays. Je ne me  souviens presque pas des actions d’éclat qu’ils ont réalisées durant leurs mandats. Au moins je sais ce qui les a tous caractérisés. Il s’agit notamment des antivaleurs telles que le tribalisme, le népotisme, la dictature, l’impunité, les violations des droits de l’homme, les détournements…

Le tableau de mon pays ne doit pas toujours être peint en noir. Les choses doivent quand-même changer dans le sens de permettre aux Congolais de se sentir chez eux. Ils doivent bien manger, avoir accès à des soins médicaux et vivre dans un environnement sain comme c’était le cas sous la colonisation.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. Cet article est de type, éveil de conscience pour tous. Quoique essentiellement orienté vers les jeunes. Pour ma part, l’effectivité ou l’efficacité de notre indépendance a besoin de l’apport de tous, dans la mesure où; le Vieux devrait partager son expérience mauvaise soit elle avec le jeune et ce dernier, devrait voir le négatif à bannir et le positif à bonifier. Mais venez chez nous ! Là vous verrez les vieux qui prêchent par l’exemple le plus repoussant comme c’est le cas du FCC, contrairement à l’UDPS qui a assez de jeunes. Ce qui conduit le jeune à inventer et ou à résister à cette dépravation des mœurs que lui même ne maîtrise pas. Soyons un, jeune ou vieux; le Congo est à nous tous. Cultivons l’amour et comptons sur ce que chacun de nous peut faire de bien, selon ses potentialités. Merci

  2. La jeune génération des années 60 avaient tout pour ne pas exercer leur sens critique et être sceptique vis à vis des autorités belges (dont le système religieux) pourtant ils ont mené le pays vers l’indépendance, paradoxalement aux jeunes d’aujourd’hui qui vivent dans une période de l’histoire jamais imaginée, sur-informé, exposés aux analyses les plus objectives que possibles, malgré tout ça ils n’arrivent pas ne serait-ce qu’à mener des VRAIS MARCHES, SIGNER DES PETITIONS, soulever des motions (pour ceux qui sont à l’assemblée).
    UNE IRONIE PURE ET SIMPLE DE L’HISTOIRE!

  3. La jeune génération des années 60 avaient tout pour ne pas exercer leur sens critique et être sceptique vis à vis des autorités belges (dont le système religieux) pourtant ils ont mené le pays vers l’indépendance, paradoxalement aux jeunes d’aujourd’hui qui vivent dans une période de l’histoire jamais imaginée, sur-informé, exposés aux analyses les plus objectives que possibles, malgré tout ça ils n’arrivent pas ne serait-ce qu’à mener des VRAIS MARCHES, SIGNER DES PETITIONS, soulever des motions (pour ceux qui sont à l’assemblée).
    UNE IRONIE PURE ET SIMPLE DE L’HISTOIRE!