« La pluie de la révolution de la modernité s’est abattue sur la ville de Kisangani », écrit une consœur journaliste de la RTNC, la radio télévision officielle de la RDC. Ça c’est le top de l’encensement ! Pour plus de précision, elle ajoute : « Des travaux de réhabilitation sont en cours sur le boulevard long de 800 mètres ! » Pareilles affirmations de la part d’un journaliste, ne m’ont laissé insensible.
Je n’en ai pas cru mes yeux. J’aurais bien voulu vous faire entendre le rire fou qu’a poussé l’ami internaute qui a livré cette publication. Cela aurait été une ironie cinglante sous une autre plume que celle d’une journaliste attitrée de l’audiovisuel officiel de la RDC. Cette consœur de mon ami internaute se rend-elle compte de l’énorme bévue qu’elle commet ? Plus ou moins 800 mètres (donc même pas tout à fait 800 mètres) de travaux de réhabilitation qui sont en cours (donc qui ne sont même pas encore terminés). Et déjà l’on parle de « pluie de la révolution de la modernité » !
Parlons-en, de cette « révolution de la modernité », un concept obscur sur lequel plus d’un s’est interrogé et dont nul n’a vu les effets. Un programme ambitieux et tapageur, dont aucun bilan n’a été dressé, à l’instar des fameux « cinq chantiers » du président Joseph Kabila. Et l’on passe à la vitesse supérieure, pour annoncer avec fracas « la pluie de la révolution de la modernité » ! Pour plus ou moins 800 mètres de route en voie de réfection ! Alors, s’est écrié un autre ami internaute, on devrait alors parler de « tempête de la révolution » à Kigali, où ce sont des centaines de kilomètres de route qui ont été réfectionnés ! C’est sans surprise, pour pareils journalistes, que l’on ignore complètement les victimes des inondations, des milliers de sans-abris aussi bien à Kisangani que dans toutes les autres villes de la RDC, dans cette révolution de la modernité.
La flatterie, le comble !
Nous venions de nous gausser des flatteries kinoises. Allons-nous devoir commencer à nous gausser des flatteries journalistiques ? C’est bien dommage que des journalistes cherchent à vivre aux dépens de ceux qu’ils se croient obligés d’encenser. Il y a flatterie et flatterie, mais quand on exagère trop, on tombe dans le ridicule. C’est de l’obscurantisme pur et simple. Et c’est la meilleure façon de rendre le plus mauvais service aux dirigeants que l’on loue à l’excès.
Les thuriféraires de tous bords ont toujours trouvé un terrain fertile dans les âmes faibles des tyrans qui, abhorrant la critique, adorent la flatterie. Ce faisant, ils enfoncent davantage ceux-ci dans l’erreur, et ils en profitent, ces bougres de flatteurs !
Flatteurs, pas seulement mobutistes !
Même quand cela allait au plus mal au Zaïre à l’époque, les services ad hoc, grassement payés, disaient à Mobutu : « Tout va bien, mon maréchal ! » Qui ne se souvient pas de l’adresse tonitruante d’un illustre ancien Premier ministre : « Kisangani ne tombera pas ! » Et Kisangani est tombé, et l’on connaît la suite, ainsi que le sort réservé à celui qui avait pris le courage de dire la vérité au « père de la nation » …
Aveugles, les deux camps, celui des flatteurs (qui savent bien qu’ils louent même des niaiseries) et celui des flattés (qui acceptent en riant sous cape peut-être les louanges les plus imméritées) ? Mais c’est vraiment triste, même si cela peut prêter à rire, que des journalistes, exerçant l’un des plus beaux métiers qui soient, se laissent prendre à ce jeu….
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Un journaliste digne de ce nom en mourrait de honte!
Super article Chrysostome, si cela pourrait servir aux journalistes, non je voulais dire flatteur.