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La brigade de la SADC réussira-t-elle là où les forces de l’EAC et de la Monusco ont échoué ?

Alors que la force de l’EAC s’est retirée et que la Monusco réduit ses effectifs en vue d’un retrait total en 2024, des soldats sud-africains de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sont arrivés à Goma, depuis le 26 décembre 2023. Objectif : soutenir l’armée congolaise face à la rébellion du M23/RDF.

Sept mois après l’annonce de la nouvelle, les troupes sud-africaines de la SADC sont arrivées à Goma avec un mandat supposé offensif. La mission de la SADC en RDC (SAMIDRC) sera composée d’une brigade et dotée d’hélicoptères d’attaque et d’un régiment d’artillerie, pour lutter contre le M23 et d’autres groupes armés qui sévissent dans la région.

Malgré tout, beaucoup de questions demeurent concernant ce déploiement, dans un contexte d’inefficacité et d’impopularité des opérations de maintien de la paix auxquelles la SADC a participé.

La SADC a toujours été présente en RDC

La SADC dispose déjà de troupes en RDC depuis 2013 au sein de la Brigade d’intervention (FIB), avant-garde de la mission de maintien de la paix des Nations unies. En effet, au sein de cette brigade, la SADC fournit les 3000 hommes répartis à parts égales entre l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi. D’ailleurs entre 2015 et 2018, pour le compte de la SADC, la FIB était commandée par le général Derrick Ngwebi, de nationalité sud-africaine.

A cet effet, la SADC partage le bilan négatif de la Monusco. Le déploiement d’une nouvelle force de la SADC pose la question de sa nécessité et de son opportunité, étant donné que la FIB de la Monusco est toujours en place. Son mandat devrait se terminer en principe cette année 2024.

Par ailleurs, la force de la SADC chapeautée par des militaires sud-africains soulève des questions supplémentaires quant à la protection des civils. En effet, en octobre 2023, une dizaine d’officiers de l’armée sud-africaine membres de la FIB  avaient été rappelés en Afrique du Sud,  soupçonnés d’avoir entretenu un système de prostitution massive autour de leur base en République démocratique du Congo.

La SADC a-t-elle les moyens de sa politique ?

De nombreuses interrogations demeurent aussi sur la capacité financière et logistique de la SADC à neutraliser des rebelles que la Monusco, en dépit de son budget colossal, n’a pas pu éradiquer en 25 ans. D’ailleurs, la mission de la SADC au Mozambique (Samim), déployée en juillet 2021 pour neutraliser des insurgés à Cabo Delgado, connaît des difficultés. Ses insuffisances militaires et logistiques et le manque de financement ont entravé ses capacités opérationnelles.

D’où viendra donc l’argent pour soutenir les opérations en RDC, alors que la SADC a déjà fait appel à des sources extérieures pour financer ses opérations au Mozambique ?

Un adage dit : « La folie, c’est de faire la même chose et s’attendre aux résultats différents ! » Plutôt que de réformer l’armée et de chercher des solutions en interne, je me demande pourquoi le gouvernement congolais s’obstine à sous-traiter la sécurité nationale en faisant aveuglement confiance à des opérations dites de maintien de la paix qui souvent se soldent par des échecs cuisants.

 

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