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François, 15 ans, gardien d’étangs plutôt que rebelle

Dans l’est de la République démocratique du Congo où sévissent de nombreux groupes armés, la misère a diversement forgé le mental des jeunes. Au moment où des enfants apprennent à manier les armes à feu, d’autres apprennent à prendre de la drogue ou à voler. Certains par contre essaient d’affronter la vie avec courage et dignité.

C’est le cas de Bahati François, âgé d’environs 15 ans. À cause de la misère, le jeune garçon s’est refugié dans la brousse environnante où il œuvre nuit et jour à aménager et surveiller des fermes piscicoles… Durs travaux pour lesquels il est payé, il  sacrifie néanmoins ses études et peut-être son avenir. Pour lui, malgré sa souffrance, pas question de se faire enrôler dans les groupes armés comme l’ont fait d’autres enfants au Nord-Kivu. « J’aime mon pays et je ne veux pas appartenir à des groupes criminels », déclare le petit Bahati.

Pour manger, le jeune doit se rabattre

Vêtu d’une culotte déchirée à l’arrière, bêche à la main, il se penche alors qu’il entretient les alentours d’un étang piscicole. Il n’a pas encore de rides mais son visage souvent renfrogné donne l’impression qu’il est déjà âgé. Pourtant, le jeune garçon n’a qu’environ15 ans, mais il faut l’approcher pour le savoir. Et tout de suite, la conversation commence : « Je fais ma vie ici, et chaque jour, je dois être debout à partir de 4h du matin pour surveiller les étangs piscicoles contre des voleurs », me raconte Bahati, visiblement généreux.

Bahati François fait l’entretien autour du petit étang piscicole

Ici, il ne travaille pas seul. Pour dissuader les voleurs, Bahati se fait escorter par des chiens : « Ces cambrioleurs viennent souvent la nuit ou très tôt le matin avec des moustiquaires qu’ils plongent dans l’eau pour prendre clandestinement des poissons », explique-t-il. Ainsi, le jeune garçon ne dort que d’un seul œil dans une bicoque installée tout prêt des étangs qu’il surveille.

Un travail dur et sans relâche

Le jour, Bahati François marche lentement aux abords de ces fermes piscicoles en donnant aux poissons leur pitance : « Il faut se rassurer que les poissons ont mangé au moins cinq fois par jour », renseigne le jeune garçon qui, à son tour, doit se battre également pour manger. Ensuite, Bahati doit arracher les mauvaises herbes autour des étangs ou encore chasser d’autres prédateurs comme les serpents qui pourraient capturer des poissons.

Bahati en train de nourrir les poissons

Le jeune Bahati se réveille généralement souffrant à cause de ces mauvaises conditions de vie. « Je crève de froid la nuit, des insectes me piquent et très souvent, je ne parviens même pas à me reposer…», se plaint-il. Pour tous ces travaux, il dit ne recevoir que 20$ le mois et de manière irrégulière.

Cependant, le petit Bahati François dit ne pas avoir le choix car sa famille a été détruite. « La guerre du M23 m’a séparé de mes parents en 2013 », se souvient-il, nostalgique. Son oncle qui, jusqu’ici payait ses études a dit n’avoir plus rien à donner comme frais scolaire cette année. Ainsi, le garçon a abandonné l’école en deuxième année secondaire. Il travaille ici dans l’espoir de retourner à l’école prochainement.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. Dieu n’a jamais dit que la vie sera facile, mais il promet d’être toujours avec nous. Bat toi BAHATI, t’as trop de chance, c’est ton histoire qui est en train de s’écrire…
    J’avoue que ça me touche.

  2. Merci pour votre article sur la corvée des enfants. C’est aussi le cas des enfants qui, jours et nuits, sont utilisés dans des fermes pour élever les bovins. Cela doit cesser, car leur place c’est à la famille et à l’école où ils reçoivent l’éducation.