À Mbujimayi, un litre de carburant est passé de 2000 à 2600 francs congolais à la pompe. Tandis que chez les revendeurs appelés « Kadhafi », le litre se négocie entre 2800 et 3000 francs congolais. L’interdiction par les autorités de vendre le carburant le long des rues et la multiplicité des taxes seraient à la base de cette flambée des prix. Ce que démentent les autorités.
Le gouvernement provincial reproche aux petits revendeurs de carburant de faire de la rétention de stocks de carburant pour provoquer la rareté sur les marchés et imposer des prix exorbitants à la population. Habari RDC a approché le ministre provincial des Hydrocarbures, Albert Kankenza, pour connaître les raisons de l’interdiction de la vente de carburant dans les rues de Mbujimayi.
Habari RDC: Pourquoi avez-vous interdit la vente du carburant le long des routes à Mbujimayi ?
Albert Kankenza : Je confirme la mesure, mais je précise qu’elle ne vient pas du ministre provincial que je suis. C’est une décision prise au niveau national. Elle concerne toute la République.
En quoi consiste réellement cette mesure?
Selon l’arrêté du ministre national des Hydrocarbures, il est strictement interdit aux vendeurs ambulants d’exposer les produits pétroliers le long des artères de la ville. Il est aussi interdit de les stocker dans des boutiques ou dans des maisons d’habitation. On ne peut pas transporter le carburant dans de simples bidons.
Cette mesure n’est-elle pas contreproductive étant donné qu’elle a entraîné une hausse du prix du carburant à Mbujimayi ?
Je tiens à vous préciser qu’il n’y a pas de hausse de prix de carburant à Mbujimayi depuis bientôt une année. Seulement il faut reconnaître qu’il y a de petites variations dues à l’importation de ces produits pétroliers en RDC. Quand l’offre est supérieure à la demande le prix baisse et quand l’offre est inférieure à la demande. C’est normal que les prix connaissent une légère augmentation.
Les « Kadhafi » vous demandent d’annuler cette mesure. Qu’en dites-vous?
Il est hors de question d’annuler la mesure. Je vous ai dit que c’est une décision du gouvernement central. Elle concerne tout le pays. Même s’il faut l’annuler, ce n’est pas moi qui peux le faire. Que ces amis se constituent d’abord en une corporation et viennent ensuite rencontrer l’autorité provinciale pour discuter des modalités d’application de cette mesure, car chaque ville a ses réalités.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision d’interdire la vente de carburant le long des rues ?
La grande raison, c’est la sécurité de la population. L’État a l’obligation d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Un carburant mal stocké ou mal conservé constitue un véritable danger pour la population. Imaginez-vous que tous ces petits vendeurs ambulants n’ont même pas de citernes ni de dépôts pour stocker leurs marchandises dans les meilleures conditions. Il est donc de notre devoir de prévenir le pire. Nous ne pouvons laisser des individus insécuriser la population. Posez-vous la question s’il y a incendie par exemple, et qu’il y a mort d’hommes à cause de ce carburant mal stocké, qui sera responsable ? Il ne faut pas politiser cette affaire. Ça n’a rien avoir avec la politique.
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour prendre de telles mesures ?
Lorsque l’État trouve qu’il est nécessaire de réglementer tel ou tel secteur pour le bien-être de sa population, personne ne peut dire pourquoi on ne l’a pas fait tout ce temps. Devons-nous laisser les gens mourir ? Non. La mesure n’est pas tardive. Les compatriotes doivent la respecter, c’est tout.
Ne pensez-vous pas que cette mesure met au chômage des personnes qui sont pourtant des pères de familles?
La mesure ne vise à envoyer personne au chômage. J’entends rencontrer moi-même le gouverneur de province pour lui en parler. En bon père de famille, il pourra trouver des solutions à cette situation.
Au lieu d’interdire et tuer l’emploi que le peuple crée, il faut au contraire penser à les organiser en coopératives pour qu’ils prennent eux mêmes les mesures de sécurité idoines.
Kapalata
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