En RDC, la jeunesse n’a pas de chance. Ce sont des mots que j’ai vus un peu partout après la désignation des mandataires publics par le président Félix Tshisekedi. Les commentaires fustigeaient le fait que ce sont des vieux routiers de la politique qui reviennent aux affaires, muselant les nouvelles générations. Mais est-ce qu’être jeune est un gage de confiance et de compétences ?
J’en doute au vu de ce que mon pays la République démocratique du Congo vit depuis soixante ans.
Une jeune nation est née
Le 30 juin 1960, la RDC accédait à l’indépendance. La majorité de l’élite de l’époque était relativement jeune. Patrice Lumumba, le plus charismatique de tous n’a alors que 35 ans quand il devient Premier ministre. Le premier officier supérieur au grade de colonel de la jeune armée, Joseph Mobutu, n’avait que 29 ans. La suite entre les deux hommes est connue de tous.
L’autre occasion donnée à la jeunesse fut le collège des commissaires généraux. Un gouvernement transitoire qui rassembla les quelques rares étudiants (37) que comptait le pays avec à sa tête, Justin Marie Bomboko qui, à 32 ans, restera le plus jeune Premier ministre de la RDC à ce jour. Un gouvernement dont les membres constitueront une sorte de caste et se partageront les responsabilités de l’Etat pendant trente ans.
A l’annonce de la démocratisation, une nouvelle vague de jeunes politiciens tente d’émerger à l’ombre des anciens politiciens des années 1960. Ils sont secrétaires particuliers (comme le fut Mobutu aux côtés de Lumumba), assistants, voire même garçons de course. C’est le début discret de gens comme Vital Kamerhe ou Joseph Olengankoy. Mais la génération 60 est encore très présente et pesante sur la scène politique.
La génération Kabila
A 29 ans, il est le plus jeune chef de l’Etat au monde. Joseph Kabila arrive au pouvoir et trouve un pays en lambeaux. Autour de lui, les mêmes politiciens des années 60 rôdent toujours. Il n’a pas d’autres choix que de s’appuyer sur eux. La situation des jeunes ne s’améliorera pas. Politiquement sous représentés, ils sont également marginalisés à l’emploi. Beaucoup surnommeront cela Gésac (génération sacrifiée), nom de la société de transport public de l’époque, ancêtre de Transco.
En 2020, les jeunes ne représentent qu’environ 15% des parlementaires. Le gouvernement sous Félix Tshisekedi a ouvert l’espace à plus de jeunes et de femmes. 76 % de ses membres n’ont jamais été ministres avant. Malgré cette innovation, là encore, les jeunes n’ont pas répondu aux attentes. Entretemps, les entreprises publiques elles, sont pour la plupart, repassées sous le contrôle de la génération 60.
#60AnsDemainLaRDC