Depuis Bruxelles où il a réuni l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi invite les congolais à chasser Joseph Kabila le 20 décembre 2016, date à laquelle se termine son dernier mandat constitutionnel. Chasser Kabila par amour pour le Congo est-ce du nationalisme ? Oui, mais pas tout à fait, car en RDC, c’est Kabila lui-même qui joue constamment la carte du nationalisme !
Une radicalisation
Le pouvoir se radicalise alors qu’il peine à expliquer pourquoi les élections sont impossibles en 2016. Et au Congo, la radicalisation s’accompagne bien souvent du nationalisme ! Les Congolais sont connus pour leur attachement à l’intégrité de leur vaste territoire de plus de 2,3 millions km2 et on les manipule avec des rhétoriques nationalistes.
Le 4 juin, le parti présidentiel PPRD célébrait les 45 ans de Joseph Kabila. Une occasion pour Henri Mova, secrétaire général du parti devenu grand dénonciateur de l’impérialisme, d’insinuer des complots contre son pays. Pour lui, on ne peut pas prendre sa retraite à 45 ans. En plus, la communauté internationale qui presse son Kabila à respecter la Constitution ne l’a pas exigé des chefs d’Etat burundais, rwandais et congolais.
Le nationalisme pour manipuler
Le nationalisme doublé de l’anti-impérialisme vise à manipuler les masses. Pourtant, contrairement à plusieurs de ses voisins sur qui il prend modèle, monsieur Kabila n’a pas d’argument : son pays est le plus instable de la région et son armée est incapable de mâter les groupes armés qui ont trouvé leur sanctuaire aux Kivu. Le pays est un des plus pauvres d’Afrique, loin derrière le Rwanda qui n’a pas les ressources naturelles que le Congo possède. Kabila devrait également éviter de prendre modèle sur Nkurunziza grand responsable des violences en cours au Burundi. Pour séduire, le président essaie donc de célébrer les gloires congolaises. Il admire ainsi Kimpa Vita, la Congolaise qui s’est battue pour l’unification du royaume Kongo précolonial. Elle mourut sur un bucher pour hérésie sur la vierge Marie. Le nouveau nationaliste congolais sympathise aussi avec Simon Kimbangu mort en prison pour son messianisme noir. Kabila n’oublie pas les pères de l’indépendance Lumumba et Kasavu-Vubu ainsi que Laurent-Désiré Kabila qui chassa le dictateur Mobutu après 32 ans de règne. Mais Kabila sera lui aussi un Mobutu s’il continue à s’accrocher au pouvoir.
Le chef de l’Etat congolais doit arrêter de jouer avec le feu. Agiter le drapeau du nationalisme pour s’attirer la sympathie des pauvres peut s’avérer efficace mais Kabila doit faire attention car jouer avec le feu peut s’avérer dangereux. Si les pauvres sur qui il compte pour défendre son pouvoir ne mangent ni ne boivent, le nationalisme leur brûlera les mains.