Il est 9h25’ ce jeudi 22 septembre 2016 et le taxi bus s’apprête à s’engager sur le fameux boulevard « du 30 juin ». Après avoir roulé vingt minutes sur la route « poids lourds », le chauffeur augmente brusquement le volume de la radio.
Fréquence 88.4, « Topcongo Fm », le célèbre journaliste Christian Lusakweno donne de la voix. Qu’entend-t-on ? Les Informations ? Non. Un discours du Président de la République, Joseph Kabila, à la Nation ? Non ! Une déclaration du chef de fil de l’opposition Etienne Tshisekedi ? Non. Mais alors quoi ? Une chanson ! Un chant du plus célèbre parolier de la musique (chrétienne) en République Démocratique du Congo, Alain Moloto. Son rythme est lent et doux, ses paroles en langue locale, le lingala, semblent avoir conservé de la vitalité alors que son auteur est parti depuis au moins trois ans dans l’au-delà. (Paix à son âme).
Ça tombe à propos
Première phrase du cantique en cours : « Nkolo topesi yo » (Seigneur, nous te donnons). Et dès l’entame de la deuxième : « Mboka na biso » (Notre pays), l’imprévisible se produit. Comme par enchantement, tous les passagers, du chauffeur au « receveur », de la personne assise au premier banc à celle qui se trouvait au cinquième et dernier banc, excepté bien évidemment celui qui vous rapporte l’histoire, chantent en chœur sous un air de méditation. Et la chanson continue…
Kita ofanda (Descends et prends place)
Na kiti ya bokonzi ya mboka oyoooo (Sur le trône de ce pays)
C’est la quatrième phrase et je vois les larmes couler sur les joues de certaines femmes sous l’emprise de l’émotion. Les hommes, moins émotifs mais affectés, murmurent des mots que je n’arrive pas à saisir. En observant leurs regards tournés symboliquement vers le plafond du bus, je devine à qui ils s’adressent.
Yaka yo ozongisa (viens restaurer) ;
Esengo na mitema (la joie dans les cœurs) ;
Yaka y’osilisa (Viens mettre fin) ;
Kolela nabiso yayaaa (à nos pleurs grand frère) ;
Kita na bokonzi bwa yooo (Que ton règne vienne) ;
Kita na bokonzi bwa yooo(Que ton règne vienne).
La chanson n’aura duré que 56 secondes, 56 secondes qui auront suffi aux passagers du bus pour se remémorer l’importance de la paix.
Deux jours plutôt, les 19 et 20 septembre, des violences ont éclaté à Kinshasa en marge d’une manifestation des opposants demandant la convocation des élections présidentielles dans le délai constitutionnel.
Une cinquantaine de vies selon des sources concordantes ont été fauchées ; de nombreux biens publics et privés pillés, incendiés ; les activités commerciales dans la ville paralysées ; les portes des écoles fermées toute une semaine ; les rues abandonnées deux jours durant aux mains de la police, l’armée et des jeunes se livrant une guerre sans merci à la manière du chat et de la souris.
Puis progressivement, le calme et la tranquillité reprennent leur droit sur la cité mais la peur demeure bel et bien omniprésente. Elle est palpable. Elle colle à l’estomac. « Topcongo » en a conscience ; c’est après tout un média local, qui n’est pas indifférent à la situation que traverse le pays. Alors, après « Topesi yo mboka » ; la radio grésille et enchaîne avec « Moto » (le feu). A quoi fait-elle référence ? Très prochainement la suite…
il a ete tué à cause de ça,mais ses oeuvres parlent de plus que sa vie.malgré il vit encore,il ne sera à jamais oublier.c est encore possible de revivre la gloire passée de cette nation congolaise magnifique.oh! Dieu,toi qui reste coller aux paroles de tes serviteurs,ns te prenons pour temoin aux paroles de ton serviteur alain moloto