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Juliana, jeune veuve séropositive, mendie pour survivre

Être séropositif, surtout quand on est une femme, c’est toujours un calvaire en RDC. Beaucoup de séropositifs n’ont ni emploi ni activité génératrice de revenu. Ils prennent des antirétroviraux sans avoir les moyens de se nourrir convenablement. Du coup, ces antirétroviraux, pris à jeun, deviennent comme du poison dans leurs corps. C’est la situation que vit Juliana, une veuve séropositive à Mbujimayi.

J’ai rencontré Julianna dans les rues de Mbujimayi. Une belle jeune femme de 32 ans. Teint clair et cheveux frisés. Son histoire m’a fait très mal au cœur. J’ai été très étonné par son courage et son franc-parler :

– Bonjour monsieur, puis-je vous parler ?, m’a-t-elle demandé poliment.

-Oui, pourquoi pas !, lui ai-je répondu.

-Je vous en prie, achetez-moi un peu de farine s’il vous plait. J’ai tellement faim, mon frère, et je n’ai pas d’argent. Mes enfants n’ont rien mangé depuis le matin.

La jeune femme s’est mise à me raconter son histoire. « Je suis séropositive. Mon mari est mort il y a un an et m’a laissé trois enfants également séropositifs. Je n’ai pas d’emploi. La famille de mon mari m’a rejetée. Je ne peux faire autrement que mendier », me confie-t-elle. À l’en croire, son mari était un militaire des Forces armées de la RDC. Il serait mort au front lors de la guerre de Kamwina Nsapu.

Ce jour-là, Juliana revenait de l’hôpital où elle était allée prendre des médicaments antirétroviraux pour elle et pour ses enfants. Des médicaments offerts gratuitement grâce aux dons des ONG de lutte contre le VIH/Sida. Exhibant des flacons d’antirétroviraux, elle me dit : « Regarde tous ces médicaments. Il faut manger quelque chose avant de les prendre. Mais je les prends comme ça avec mes enfants sans avoir rien mangé. Maintenant cela me cause de la gastrite. » Et d’ajouter : « Mon mari est mort. Je suis restée seule avec les enfants, mais je ne veux pas me prostituer. Si je dois mourir moi-aussi je rejoindrai mon mari. Dieu seul prendra soin de mes enfants. »

Dans ce témoignage, Julianna a évoqué un fait poignant que je n’oublierai jamais. Elle dit : « Ma petite fille me demande souvent : ‘’Maman, pourquoi les autres enfants ne prennent pas de médicaments [antirétroviraux] tous les jours comme nous ?’’ » Laissant échapper quelques gouttes de larmes, Juliana dit lui avoir répondu ceci avec pincement au cœur : « C’est parce que les autres enfants ne sont pas comme nous, ma fille ! »

J’ai aidé Juliana avec le peu d’argent que j’avais. Je ne m’en glorifie pas. Loin de là. Mais c’était juste pour qu’elle mange un seul jour. Beaucoup de femmes séropositives sont dans cette situation et se battent pour survivre. Parfois, comme Juliana, elles sont seules avec des enfants à charge. Elles font face à la stigmatisation et au rejet de leurs propres familles au quotidien. Essayons de les aider, ne les oublions pas.

 


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