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Le Sida m’a privée de mon mariage

Je m’appelle Ange. Joseph mon fiancé et moi nous étions sur le point de nous marier. Il m’aimait tellement qu’il ne pouvait passer une journée sans me voir. À notre église, on nous a enseignés que nous ne pourrons coucher ensemble que lorsque le mariage sera consacré officiellement à l’Église ou à l’Etat civil. Nous avons respecté ce principe jusqu’à la fin. Mais le coup de théâtre est venu de l’hôpital, lors des examens prénuptiaux.

Dès 8 heures, nous sommes allés, Joseph et moi, à l’hôpital Dipumba pour les examens prénuptiaux. Jules, le docteur, a prélevé le sang et fait tous les examens : vitesse de sédimentation, tension artérielle, groupe sanguin, etc. Il nous a dit de revenir après trois jours. Nous attendions les résultats avec confiance.

Le troisième jour, Joseph mon fiancé est envoyé en mission de service dans un village à Tshilenge, à 30 kilomètres de Mbujimayi. Il m’appelle très tôt le matin : « Tu vas bien chérie ? » « Très bien chéri », lui-ai-je répondu. « Écoute chérie. Je sors de la ville. Mon chef m’envoie à Tshilenge. Je ne saurai pas aller avec toi à l’hôpital. Vas y seule prendre les résultats. Nous devons nous marier la semaine prochaine. Je t’aime. » J’aime tellement entendre la voix de Joseph. Elle me console plus que toute autre chose. Joseph est beau et très gentil, je désire être la mère de ses enfants.

Je me suis rendue à l’hôpital à 9 heures. Je pensais que cette étape d’examens prénuptiaux n’était qu’une simple formalité à franchir. « Bonjour, c’est mademoiselle Ange ? », me demande docteur Jules. « Oui, c’est bien moi », ai-je répondu. Il poursuit : « Tu es venue seule ou avec ton homme ? » « Je suis venue seule. Joseph a eu un empêchement au service. Il n’est pas en ville. »

Une histoire qui me fait pleurer

Le docteur entre dans son bureau, après quelques minutes il m’appelle : « Tu peux venir, Ange ? » Je me lève au milieu de quatre ou cinq autres couples qui étaient là et qui attendaient aussi leurs résultats. Dans son bureau, le docteur me montre nos résultats sur papier et dit : « Mon amie, il y a un petit souci mais pas très grave. » Je dis : « Un petit souci ? A propos de quoi ? » « Euh, euh…Regarde, me dit-il. Ta vitesse de sédimentation c’est 9, mais celle de ton fiancé c’est 89 ! » Je dis : « Donc Joseph souffre peut-être d’hypertension, c’est normal ça va baisser, non ? »

Docteur Jules essayait de me distraire. J’ai compris qu’il y avait un problème, mais il ne voulait pas me le dire ouvertement. Il dit : « 89 comme vitesse de sédimentation dans les résultats de ton mari, ce n’est pas normal. Il y a peut-être quelque chose, Ange. » Il se leva et me laissa seul dans son bureau. À travers les vitres, je pouvais voir qu’il discutait avec un autre docteur. Puis, il revient vers moi. Je lui dis : « Docteur, je vois qu’il y a un problème que vous me cachez. Qu’est-ce qu’il se passe ? Dites-moi la vérité. » Il ne voulait toujours pas me le dire, mais là, il n’avait plus d’échappatoire. C’est alors qu’avec peine, il me déclare : « Ange, tes examens n’indiquent aucun problème. Mais il semblerait que ton fiancé euh euh… a le VIH… » Je dis : « Quoi ? Joseph avec le VIH ? Vous vous êtes trompé docteur. » J’essayais de retenir mes larmes, mais en vain. « J’ai refait vos examens quatre fois, et ça donnait le même résultat. Je suis désolé. », me dit le docteur.

Je me suis levée et je suis sortie de son bureau. Je frémissais mais je faisais un effort pour que les gens ne remarquent pas que je pleurais. Pourtant, ils ont vu mes larmes. J’aimais tellement Joseph, et je savais qu’il m’aimait aussi beaucoup. Le docteur m’a suivi dans la cour de l’hôpital. Il essayait de me réconforter.

Pour mes parents, Dieu m’a protégée

À la maison, j’ai raconté l’histoire à papa et maman. « Dieu soit loué ma fille. Ton fiancé est donc un garçon de mauvaise vie. Comment il a eu le Sida ? », se réjouit ma mère. Je dis : « Maman, je l’aime ! » « Hein ! réplique maman. Tu es malade ? Tu l’aimes avec son VIH ? Qu’il ne mette plus jamais ses pieds ici. » Je n’ai pas mangé de toute la journée. J’étais très abattue et je voulais me pendre. Jamais je n’ai vu Joseph flirter avec une autre femme. Je ne comprenais vraiment pas ces résultats du docteur.

Le soir, Joseph m’appelle au téléphone. Il ne se doute de rien : « Chérie Ange, je viens de rentrer à Mbujimayi. T’as vu le docteur ? » Oh la la ! Je ne savais quoi lui répondre, alors je lui ai menti. Je n’avais pas le courage de lui annoncer une telle mauvaise nouvelle. Je lui dis : « Bon retour chéri. Le docteur a refusé de me donner les résultats. Il a dit qu’il ne peut les donner qu’à toi. »

Joseph n’a pas attendu le lendemain pour aller voir le docteur. Il est allé le chercher à son domicile le soir même vers 20 heures 30. Et celui-ci n’a pas hésité à lui déclarer la vérité. Sonné, Joseph m’appelle vers 22 heures pour me communiquer les résultats d’examen prénuptiaux que je connaissais déjà. Et il me dit : « Ange, m’aimes-tu toujours ? Pouvons-nous marier la semaine prochaine ?… »

 


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Les commentaires récents (3)

  1. L’importance des examens prénuptiaux mais l’histoire nous laisse sur notre soif. Elle n’est pas finie. Jean-hubert, qu’elle a-été la réponse de la fille et la réaction de l’homme qui venait de connaître son état serologique?