Une fois de plus, les pluies diluviennes ont frappé Kinshasa, provoquant de grosses inondations. Routes inaccessibles, quartiers engloutis, embouteillages monstres et plusieurs morts. Pourtant, les causes de cette catastrophe sont bien connues : constructions anarchiques, caniveaux bouchés, absence de drainage… Des causes jamais prises en compte avec sérieux.
Ces inondations, comme tant d’autres avant elles, auraient pu être évitées ou maîtrisées. Mais au-delà des causes structurelles, un autre constat fait froid dans le dos : l’absence criante d’un système de protection civile digne de ce nom. Ce qui explique en partie le nombre élevé de morts dans cette catastrophe.
Des victimes abandonnées à leur sort
Des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux montrent des scènes bouleversantes. Des familles entières perchées sur les toits de leurs maisons cernées par les eaux, attendant un secours qui ne viendra pas. Certaines ont passé la nuit à la belle étoile, sous la pluie, sans nourriture ni assistance. Pas de pompiers, pas de bateaux de sauvetage, pas de coordination non plus.
Le plus inquiétant reste ce silence des autorités, cette lenteur de réaction, comme si l’urgence n’existait pas. À Kinshasa, la population se débrouille seule, encore et toujours. Ce sont des voisins, des jeunes volontaires, des anonymes qui tentent de sauver des vies avec les moyens du bord. Une solidarité admirable, mais qui ne devrait jamais remplacer un service public de secours.
Où est l’État dans tout cela ?
Comment expliquer qu’une ville de plus de 15 millions d’habitants ne dispose pas d’un hélicoptère de secours ? Comment tolérer qu’aucune unité d’intervention rapide ne soit opérationnelle pour faire face à ce genre de situations ? Ce n’est pas seulement un problème d’infrastructures, c’est une faillite totale de la gouvernance urbaine.
Les eaux finiront par se retirer. Les victimes nettoieront les décombres. La ville reprendra son cours. Et puis, on oubliera. Jusqu’aux prochaines pluies. Jusqu’aux prochaines pertes humaines. Kinshasa mérite mieux que cette mémoire courte et cette résignation.
Il est temps que cette capitale cesse d’être surprise par des catastrophes prévisibles. Il est temps que l’État joue enfin son rôle.