A Lubumbashi, de nombreux habitants ont subitement changé de comportement en août 2021 face à la crise de coronavirus. Selon les autorités, la prévalence de l’épidémie a atteint jusqu’à 50% des cas d’hospitalisation courants. Il a fallu donc des mesures fortes pour renverser la tendance.
Alors, on confine ? Non. Le confinement, même si certaines personnes l’ont proposé, ne fonctionnera pas. Puisqu’il a un impact très négatif sur l’économie et la vie des plus faibles. Alors, le maire de Lubumbashi a eu une idée pour le moins géniale. Sanctionner les récalcitrants.
La sanction, et la peur !
L’idée est simple. Vous ne portez pas de masque, en public, alors vous payez une amande : 15.000 francs congolais (environ 7.5 USD), voire selon les cas, vous restez au cachot un petit temps : 7 jours. Une soirée a simplement suffi pour que beaucoup, le lendemain, changent d’attitude.
Et c’est là que je trouve génial l’arrêté du maire de Lubumbashi. Puisque le 9 août, tôt le matin, il envoie la police sur les principaux axes routiers de la ville. Parfois, des militaires sont réquisitionnés. Tous les véhicules, scolaires ou transportant ceux qui vont au travail, sont systématiquement contrôlés. Il faut porter son masque et, correctement, pour passer. Par la faute d’un individu, tout le véhicule peut connaître de retard.
Plus encore, certaines personnes sont interpellées illico presto, même conduisant leur moto ou vélo. Certaines sont même emmenées aux postes de police où, après des remontrances, elles sont libérées.
Bien sûr, très vite des associations de droits humains ont dénoncé des excès dans l’arrêté du maire. C’est notamment sur le déficit de bases légales pour justifier les mises en garde à vue. Mais, il faut reconnaître que cette décision a marqué les esprits. J’en ai tiré cette triste leçon, en matière de protection contre la pandémie de covid-19. A Lubumbashi, les gens ont plus peur de la sanction que de Coronavirus.
Veiller sur la santé publique : c’est parfois avec sévérité
Lorsqu’on demande à certains Lushois de respecter la distance entre eux, afin d’éviter de se partager la maladie, très peu seulement y font attention. Pareil aussi quand il s’agit de porter les masques. C’est à se demander l’image même que les autorités administratives ainsi que les scientifiques ont auprès de la population.
Mais le plus urgent ici c’est finalement de se demander si un tel modèle peut longtemps tenir. Puisqu’on a vu à quel point cette attitude de méfiance parfois absurde de la population a contribué à la persistance de l’épidémie d’Ebola dans l’Est de la RDC jusqu’à 2018. La sagesse voudrait donc, selon cet exemple de Lubumbashi, que les autorités n’excluent pas aussi la sévérité quand il faut plus de protection. Bien sûr, toujours dans la limite du raisonnable et de la dignité humaine.