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« La population est patronne de la police ! »

Certes à Goma, lors des répressions ou de perquisitions, certains éléments irresponsables de la police dérapent. Ils profitent de l’occasion pour se livrer à des malversations et autres fautes professionnelles. « Ce n’est qu’un petit groupe de brebis galeuses dans la police, comme il en existe d’ailleurs dans les autres corps de la société. Il ne faut pas généraliser ! », souligne le policier Paluku.

Bottes noires et brillantes, uniforme bleu, tête couverte d’un béret et cheveux bien coiffés, le sous-officier Paluku est dans les rangs de la police nationale congolaise, et affecté dans la province du Nord-Kivu depuis 4 ans. Comme dans l’armée, dans la police on ne demande pas d’avoir une opinion sur un sujet, mais d’exécuter les ordres. C’est sous cet angle qu’il explique, la crise qui existe entre la police et la population.

« J’ai été formé, dans le but de remplir une mission : sécuriser et protéger la population et ses biens. Quand nous partons pour une mission, c’est le chef qui  ordonne quoi faire, explique-t-il. Comment, où et quand. Mais parfois on ne nous dit pas pourquoi. Et quand, nous sommes mal conduits par un homme, c’est toute l’équipe qui paye le prix ! »

« La population, est notre patronne… »

« Quand la population manifeste pacifiquement, notre travail, c’est de l’encadrer. J’ai même reçu une formation sur les techniques d’encadrement des manifestants, mais souvent elles ne sont pas appliquées. Parfois, au lieu de ça, quand le chef ordonne la répression, il faut exécuter et lancer des bombes lacrymogènes », regrette-t-il.

« Les ordres restent les ordres », insiste-t-il. « Comme on dit : ‘’ il n’y a pas de mauvaises troupes mais de mauvais chefs !’’ Je peux savoir quoi faire exactement quand il y a un problème pendant l’exercice de mes fonctions, mais les ordres sont mal donnés. Conséquence : nous perdons notre crédibilité », dénonce-t-il, insistant sur le fait que la crise de confiance avec la population vient de là. « Pourtant, elle est notre patronne ! Car nous sommes à son service. »

« Ainsi il est important, de communiquer avec les membres de sa troupe et la cible sur laquelle la mission est focalisée. Nos chefs doivent savoir ça. Le problème est qu’ils s’en foutent de l’opinion de l’autre », dénonce-t-il.

La méritocratie est la clé !

Il poursuit sa critique : « Certains policiers sont nommés commandants, officiers supérieurs par exemple, mais sans formation appropriée. D’autres manquent de capacités professionnelles. Comment peuvent-ils être à la hauteur de leurs tâches ? Et le résultat est celui qu’on a aujourd’hui. » 

Pour lui, des solutions existent : « Déjà, il faut mettre tous les moyens adéquats et nécessaires dans la police et penser à la méritocratie. Il faut penser aussi à des formations intensives et régulières pour recycler les troupes et la promotion des sanctions contre les policiers qui violent les règles. C’est la seule voie qu’on a pour récupérer nos valeurs perdues ! Ainsi, on va racheter notre honneur et cohabiter pacifiquement avec la population que l’on est censé servir. » 

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