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L’Afrique parle, l’Afrique écoute

La radio communautaire au service de l’agriculture en RDC

La radio communautaire joue un rôle catalyseur. Un rôle-clé dans le transport de l’information. Responsable de la radio communautaire environnementale de Kanya Bayonga, une cité à cheval sur les territoires de Lubero et Rutshuru, Joseph Tsongo, la vingtaine, affirme qu’une radio communautaire garde un rôle central dans le milieu rural. « Nous nous efforçons d’être aux côtés des paysans, de leur amener l’information dont ils ont besoin pour la bonne marche de l’agriculture, la pêche et l’élevage dans la région. A la lisière du parc national des Virunga, par exemple, l’agriculture souffre des perturbations climatiques. Le haricot, l’un des aliments de base ici, en est un exemple. Nous parlons des problèmes du monde rural avec les paysans et des solutions adéquates avec les agronomes du milieu », glisse-t-il.

Télévision ? Journal ? Un luxe que l’on ne peut pas se permettre

« Vous parlez de regarder la télévision en milieu rural au Nord-Kivu pour la masse populaire ? Ou lire un journal ? N’y pensez même pas : c’est un luxe qu’on ne peut pas se permettre. La radio communautaire joue bien son rôle chez nous», assure Gentil, jeune agriculteur rencontré à Mangina, en territoire de Beni. L’équipement n’est pas toujours au rendez-vous pour ces médias de proximité. Mais, peu importe. « L’essentiel, c’est que le message arrive à destination », s’enthousiasme Jacques Mumbere, initiateur de la radio Ushindi, une station émettant 24h/24 à Musienene, à une dizaine de kilomètres de Butembo, en territoire de Lubero. Il y a une dizaine d’années, en effet, cet ingénieur autodidacte, a conçu une radio avec des matériaux de recyclage ! Une fierté pour les quinze milliers d’habitants de cette agglomération située à cheval sur l’équateur.

Parlez politique, seule l’agriculture nous intéresse 

Lors des grands événements politiques en République Démocratique du Congo, les radios communautaires sont souvent sur la ligne de front pour apporter l’information, parfois en relayant simplement les télévisions et radios de la capitale Kinshasa. Ainsi, le 12 décembre dernier, alors que Joseph Kabila était devant les parlementaires lors de son discours à la Nation, de nombreux paysans du Nord-Kivu étaient, eux, collés à leurs postes récepteurs. « Économiquement, le pays va mieux ! La croissance est soutenue, des belles perspectives pour l’an prochain… J’engage le pays au dialogue inclusif ! Nous devons trouver des solutions aux problèmes minant le processus électoral. J’en appelle au sens de responsabilité des uns et des autres afin d’être unis dans la mise en place d’un processus électoral authentiquement congolais, fruit d’un consensus afin de préserver les acquis de notre jeune démocratie », s’exprimait alors Joseph Kabila. Une théorie du complot non partagée par nombre de paysans du Nord-Kivu.

« Joseph Kabila a promis un programme routier au premier semestre 2016 de deux milliers de kilomètres pour les routes de desserte agricole. Pas un seul kilomètre pour le Nord-Kivu ! », s’exclame, déçue, Georgine Kavira, agricultrice de Katanga à l’ouest du territoire de Lubero où, suite au délabrement des routes, les produits agricoles pourrissent dans les champs.

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