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A-t-on vraiment des leçons à donner aux Sud-Africains?

Les politiciens et les internautes sont montés au créneau pour condamner une nouvelle flambée de violences xénophobes dont des Congolais ont été victimes en Afrique du Sud. Si certains en appellent au boycott du « Made in South Africa », d’autres n’ont pas hésité à protester véhémentement devant le consulat de ce pays à Lubumbashi. Parmi eux, il y en a même qui ont vandalisé et pillé certains commerces sud-africains.

A-t-on vraiment des leçons à donner aux Sud-Africains, quand dernièrement on a vu chez nous dans le Haut-Katanga, une association socio-culturelle refuser la nomination d’une personne dans un cabinet politique, parce que non originaire de cette province ? Sommes-nous logiques avec nous-mêmes lorsque nous laissons faire le tribalisme, le népotisme chez nous, et que nous condamnons la xénophobie chez autrui ? Devrait-on admettre que la xénophobie est mauvaise seulement quand c’est l’étranger qui nous la fait subir ? Je me pose sérieusement ces questions.

Entre le 18 et le 20 décembre 2018, plus de 500 personnes ont été massacrées à Yumbi, dans le sud-ouest de la RDC. C’était lors des affrontements opposant les « Banunu »  aux « Batende », deux ethnies congolaises. Ces affrontements au relent tribal avaient même poussé la Céni à reporter les élections de décembre 2018 dans cette partie du pays.

A Djugu, dans l’Ituri plus au nord de la RDC, les violences interethniques ont fait des centaines de morts et plusieurs personnes jetées sur les routes. Ces violences ont même ravivé le souvenir du conflit communautaire entre éleveurs Hema et agriculteurs Lendu, de triste mémoire.

Dans le Katanga, d’après le découpage territorial de 2015, plusieurs communautés se livrent en sourdine une guerre sans merci, sur fond de tribalisme. On a même entendu un groupe d’individus demander le redécoupage du Nord-Kivu en deux ou trois nouvelles provinces pour que des ethnies « se retrouvent » entre elles. Comme on peut le constater, un peu partout en RDC, la question tribale ou ethnique fait beaucoup de dégâts.

Pourquoi on ne manifeste pas contre le tribalisme ?

A l’instar de la xénophobie, le tribalisme qui n’est que la haine ou le rejet de l’autre en raison de sa tribu ou de sa région, doit être vigoureusement combattu. En réalité sur le terrain, la question tribale ne suscite aucun intérêt, ne passionne pas au Congo. Probablement parce que plus encrée dans nos pratiques, surtout lors des partages du pouvoir ou des responsabilités politiques ou administrative. En dehors des zones touchées, Personne n’a jamais manifesté pour condamner ces tueries interethniques. Dans ce reportage (vidéo) de TV5, on peut entendre un prêtre, l’abbé Nestor Longota se plaindre du mutisme, de la quasi indifférence de ses compatriotes face à ce fléau du tribalisme.

Mais au sujet de la xénophobie sud-africaine qui n’est pas vraiment différente de notre tribalisme, on assiège les réseaux sociaux. Dans un bal des hypocrites, on s’indigne du sort réservé à nos frères, on menace de boycotter, on manifeste, on casse et pille certaines enseignes sud-africaines pour montrer notre désapprobation. Alors que dans notre propre pays, les massacres à caractère tribal ou ethnique passent pratiquement sous silence. N’est-ce pas contradictoire ?

Une indignation pour être bien vu…

Qu’est-ce qui fait que l’on soit épris d’amour pour ce frère victime de la xénophobie à l’étranger, mais que l’on n’hésiterait pas à rejeter à cause de sa tribu, ici chez nous ? Notre indignation, est-ce juste pour le buzz ou pour être bien vu ? Sommes-nous devenus soucieux de la vie de nos frères et sœurs ?

Sommes-nous vraiment crédibles, nous qui condamnons la xénophobie ailleurs, et nous nous taisons quand sur notre propre sol sont commis des crimes tribaux sur des Congolais par des Congolais ? Les questions sont multiples.

Sans minimiser les crimes odieux qui sont commis en Afrique du Sud sur les étrangers, nous devons interroger notre conscience collective sur ce que nous faisons pour nos frères victimes de la barbarie à cause de la tribu, l’ethnie, ou la région.

 

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Les commentaires récents (0)

  1. Chers et soeurs combattons d’abord le tribalisme dans notre pays pour qu’on puis venir en aide a nos chers frères et soeurs qui en souffre dans les pays étrangeres, unissons nous pour l’avenir et le développement de notre cher et bon pays la RDC.

  2. Les congolais sont devenus de loups pour les congolais, avant de parler de la xénophobie nous devons tout d’abord cesser le tribalisme qui gangrène notre bon pays.

  3. Yannick je suis curieux d’en savoir plus. « quand dernièrement on a vu chez nous dans le Haut-Katanga, une association socio-culturelle refuser la nomination d’une personne dans un cabinet politique, » Merci d’avance!