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Les associations socioculturelles, tombe de la citoyenneté congolaise

À première vue, il n’y a rien d’étonnant à tout cela. Mais les mots et expressions qu’utilisent les associations socioculturelles gênent les communautés non représentées. On entend dans les médias : « Merci au chef de l’État d’avoir élevé ce digne fils du pays », « merci d’avoir fait confiance à notre grande communauté ». Les messages de félicitations sont suivis de l’affirmation du soutien « indéfectible » au chef de l’État.

Que les fils du terroir soient « valablement » représentés

Les chefs coutumiers des six territoires qui composent le Haut-Katanga ont ainsi félicité le nouveau gouverneur Jean-Claude Kazembe. Sans détour, ils lui recommandent d’avoir recourt aux fils et filles de la province pour en assurer la gestion. Ils suggèrent également que les « enfants » de la province soient valablement représentés dans son gouvernement et dans les mairies de Lubumbashi et Likasi.

« Le système électoral congolais est malheureusement ainsi : centré sur la tribu et la région »

Ironie du sort, ils s’adressent à celui qui a promis durant sa campagne, de lutter contre le régionalisme et le tribalisme. Nul doute que le régionalisme a commencé car sa tribu lui demandera aussi d’être mieux représentée que les autres. Le nouveau gouverneur est donc pris entre le marteau et l’enclume. Pourra-t-il ignorer l’appel des chefs coutumiers, des siens ? Difficile pour lui de se départir du régionalisme brandi, avant son élection, par le président de l’Assemblée nationale venu le soutenir. Le 25 mars, il a annoncé publiquement que Joseph Kabila, « katangais lui aussi », soutenait la candidature de Kazembe. Une sacrée justification de choix ! Le système électoral congolais est malheureusement ainsi : centré sur la tribu et la région. La gouvernance n’y échappe guère !

Les associations socioculturelles pressent les politiques

Les associations socioculturelles veulent que les personnes de leurs régions respectives aient le pouvoir. Il faut qu’on sente qu’un fils du terroir gère. « C’est notre temps », dit-on souvent à Lubumbashi. Les autres peuvent se résigner. Le triomphalisme ainsi exhibé, attise des ressentiments et peut affecter la cohésion nationale. En ville, les rivalités ethniques s’expriment verbalement mais dans les milieux ruraux, elles peuvent entraîner des affrontements. Par exemple, lorsque deux chefferies ne sont pas d’accord sur les limitations d’un terrain, les communautés peuvent plonger dans la violence.

« Les dirigeants sont parfois contraints d’ignorer les compétences de certains individus car ils font partie d’une autre communauté »

D’un autre point de vue, la pression des tribus handicape la gouvernance. Les dirigeants sont parfois contraints d’ignorer les compétences de certains individus car ils font partie d’une autre communauté. « Pourquoi ne devrais-je pas travailler avec un originaire du Kasaï, par exemple, comme ministre de mon gouvernement, s’il a les compétences voulues ? » s’interrogeait le candidat Jean-Claude Kazembe, il y a quelques semaines. On attend de voir s’il posera des actes.

Un système où les origines ethniques semblent plus importantes que les compétences ou les idées défendues met à mal la démocratie.

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