Monsieur le gouverneur,
C’est avec un sentiment de désolation que nous avons suivi votre déclaration publique du mardi 20 mai 2025 à Uvira. Vous avez déclaré que les mariages célébrés à Goma et Bukavu « seront annulés ».
Permettez-moi de vous rappeler que, lorsque la guerre a éclaté, vos familles, les membres de votre gouvernement et vous-même étiez les premiers à fuir ces entités pour vous mettre hors de danger.
Nous avons perdu nos êtres chers. Nos enfants, nos petits frères et sœurs, ont vécu des scènes d’horreur et de violence extrême. Et les traumatismes resteront longtemps. Nous avons perdu nos emplois. Nos frères souffrent dans des camps de réfugiés, sans assistance à Kalémie.
En retour, votre régime a fermé les banques et toutes les institutions de microfinances, un peu comme pour nous assommer davantage, nous qui n’avons pas fui. Vous nous avez interdit l’accès à certains pays voisins et à certaines zones de notre territoire national en invalidant certains de nos documents de migration. Puis vous venez de déclarer publiquement que même nos mariages ne seront jamais reconnus.
Nous attendons de connaître le sort de nos bébés innocents qui naissent ici. Qu’en est-il de leurs actes de naissance ? Et ceux qui étudient auront-ils leurs diplômes ? Nous croyons que tout cela devrait suffire pour punir une jeunesse qui n’a rien à voir avec vos clivages.
Excellence, vous avez dit être « porteur du message du chef de l’État ». Avez-vous également eu le temps de vous remettre en question pour comprendre avec nous que c’est à cause de l’inefficacité de votre gouvernement que nous en sommes arrivés là ? Pouvez-vous comprendre que c’est votre régime qui est en conflit avec l’AFC-M23 et non avec les populations locales qui sont restées fidèles à leurs terres, lorsque vous les avez abandonnées ?
Malgré le rejet dont nous sommes victimes de votre part, nous nous débrouillons pour survivre et de manière loyale à notre nation. Ayez un minimum de compassion pour cette population que vous n’avez pas pu sécuriser. Ne faites pas comme si la vie devait s’arrêter partout où vous n’êtes pas.
Cher Mushamuka [sage, NDLR], je suis trop jeune pour vous faire la morale, mais vous êtes attaché à votre régime. Rappelez-vous que les régimes passent, mais la nation reste, et c’est notre droit de nous identifier à cette communauté nationale : la RDC. Ne cherchez pas à nous ravir tout ce qui nous identifie à la communauté nationale. Congo ni yetu chiye bote !
Patriotiquement