Depuis 1974, la distribution de l’énergie électrique sur toute l’étendue de la RDC était l’exclusivité de la société nationale d’électricité (Snel). Aucune autre entreprise, privée ou publique, n’avait le droit de le faire. C’est le 15 novembre 2015 que fut votée au Sénat la loi sur la libéralisation du secteur de l’électricité. A Goma, cette loi fait le bonheur de beaucoup de personnes car de nouvelles sociétés viennent désormais concurrencer la vieille Snel.
En tant qu’économiste de formation, je prône le développement du pays via la concurrence dans tous les secteurs tant qu’elle reste loyale. La concurrence est bénéfique car les entreprises concurrentes visent avant tout la satisfaction des clients afin de conserver la clientèle.
Ici à Goma, dans mon quartier Himbi, pourtant réputé résidentiel, les abonnés de la Snel que nous sommes avons souvent des problèmes d’électricité. Nous pouvons compter 3 à 6 jours de délestage. Si bien que je n’arrive pas à revoir mes notes la nuit. Heureusement Socodee (Société congolaise de distribution d’eau et d’électricité), l’une des entreprises concurrentes à la Snel, implante déjà ses poteaux électriques dans le quartier. Dès qu’elle finit ses travaux, on va s’abonner à elle, car ses services semblent plus satisfaisants, selon les habitants de la ville qui en ont déjà bénéficié.
Fin du monopole, début de la baisse des prix
On parle de monopole lorsque la structure du marché est telle qu’un seul offreur fait face à une multitude de demandeurs. Le monopoleur fixe son prix en tenant compte des réactions des demandeurs. Il est le price maker face au price takers. Par contre on parle de l’oligopole lorsqu’il y a présence d’un petit nombre d’offreurs qui se font concurrence. A côté de la Snel, il y a désormais à Goma des entreprises comme Nuru ou Socodee.
En cours d’économie politique, on nous a appris que la concurrence permet à élargir l’offre, à faire baisser les prix et à améliorer la qualité des biens et services. La concurrence apporte aussi l’innovation.
La venue de l’électricité grâce aux concurrents de la Snel a permis que de petites industries et des usines naissent.
« La permanence du courant électrique de l’entreprise à laquelle je suis abonné me permet de réaliser des recettes d’environ 60 000 FC par jour. Avec cet argent, je parviens à répondre à mes charges et responsabilités. Je paye bien mon personnel. Mes enfants mangent à leur faim », me raconte Muhindo Justin, détenteur d’un salon de coiffure à Goma. Il se réjouit du fait que la facture qu’il paye n’est pas forfaitaire.
Disons-le, la libéralisation du secteur d’électricité va améliorer notre bien-être, car même les habitants à faible revenu ou qui vivent en zones reculées pourront se permettre un petit budget pour l’électricité. Avant la Snel favorisait certains quartiers au détriment d’autres où le taux de pauvreté était élevé. L’énergie électrique étant très importante pour le développement d’un pays, elle devrait être accessible à toutes les couches de la population.