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Liberté provisoire de Vital Kamerhe, un scandale judiciaire ?

Condamné à treize ans de prison, Vital Kamerhe, l’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi est libre de ses mouvements. En effet, c’est dans l’après-midi du lundi 06 décembre que la Cour de cassation lui a accordé une liberté provisoire. La nouvelle a été bien accueillie par les proches du président national de l’UNC, mais d’autres dénoncent un scandale judiciaire.

Après presque deux ans d’incarcération, Vital Kamerhe a passé la nuit du lundi 06 décembre chez lui à la maison. La liberté provisoire accordée à cet ancien président de l’Assemblée nationale suscite cependant des avis divergents au sein de la classe politique.

Un scandale judiciaire de plus

Alors que les partisans de Vital Kamerhe célèbrent la libération de leur leader, certaines langues crient au scandale judiciaire. C’est le cas de maître George Kapiamba, coordonnateur de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj). Il a déclaré : « En accordant la liberté provisoire à Vital Kamerhe, pourtant saisie comme juridiction de contrôle de conformité de la décision d’appel à la loi, la Cour de cassation a créé un scandale judicaire… »

Pour George Kapiamba, cette libération vient porter un coup dur à la lutte contre la corruption prônée par le chef de l’Etat. Encore une fois, dit-il, la politique vient s’immiscer dans les affaires de la justice. Comme pour dire, c’est le pouvoir politique qui a influencé cette décision judiciaire.

Etat de droit ou décision politique ?

Selon la radio télévision nationale congolaise, la décision d’accorder la liberté provisoire à celui qu’on appelle  « faiseur des rois » a été motivée par le tableau médical très critique du concerné. Il est vrai que la Cour de cassation est compétente pour décider de la liberté provisoire d’un condamné en détention. C’est ce que dit l’article 47 de la loi relative à la procédure devant la Cour de cassation. Seulement, je me demande juste pourquoi cette libéré provisoire intervient maintenant, sachant que cette même requête a plus d’une fois été rejetée, même par cette Cour ?

Cette décision a plus l’air d’une décision politique que judiciaire. Rappelons qu’en juillet dernier, le président de la République avait déclaré : « Vital Kamerhe, c’est mon frère. Je suis totalement désolé et affecté par ce qui lui arrive. Je ne l’ai pas voulu. Contrairement à certains dires mal intentionnés. »

Les propos de Félix Tshisekedi ont rejoint les dires de son parti politique, qui a toujours affirmé que c’est le Front commun pour le Congo qui était derrière l’arrestation de Kamerhe. A l’époque, la plateforme politique de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila avait encore la main mise sur plusieurs institutions. Mais après la fin de la coalition FCC-Cash, Félix Tshisekedi a mis en place des réformes dans quasiment tous les secteurs, y compris le secteur de la justice.

Ce n’est un secret pour personne qu’à l’heure actuelle, Félix Tshisekedi contrôle toutes les institutions du pays. Parlant de Vital Kamerhe, le chef de l’Etat l’avait venté en disant : « Vital Kamerhe est un homme sérieux et honnête. » Ses propos ont-ils influencé l’appareil judiciaire ?

Liberté provisoire ou définitive ?

Je doute fort que Vital Kamerhe puisse encore retourner en prison. Nous savons tous que dans notre pays la liberté provisoire n’est qu’une mascarade pour ne pas choquer l’opinion publique. Souvenez-vous de l’ex-ministre de la Santé Eteni Longondo, arrêté tambours battants après des soupçons de détournement mais qui a bénéficié d’une liberté provisoire. Il y a également Bruno Tshibala, qui d’ailleurs a exercé la fonction de Premier ministre en étant en liberté provisoire. Et les exemples sont légion.

Ainsi, l’Etat de droit prôné par le président de la République est loin d’être une réalité. Aussi, la libération de Vital Kamerhe intervient juste quelques jours après celle de Willy Bakonga, un autre allié de Tshisekedi.

 

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