ex ministre de la santé de la RDC
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Liberté provisoire d’Eteni Longondo : une justice à géométrie variable ?

Arrêté tambours battants après des soupçons de détournement, l’ex-ministre de la Santé Eteni Longondo vient de bénéficier d’une liberté provisoire. Une clémence de la justice qui suscite des interrogations quand on connait les fins de non-recevoir réservées aux autres hommes politiques poursuivis par la justice.

C’est le 27 août que l’ancien ministre Eteni Longondo a été placé sous MAP. Selon l’AFP, l’arrestation est intervenue après un « long interrogatoire » devant le procureur général près la Cour de cassation. Il est poursuivi pour détournement de deniers publics alloués à la riposte contre le Covid-19.

En août 2020 déjà, une enquête de l’Inspection générale des finances (IGF) faisait état d’un soupçon de détournement de plus de 7 millions de dollars, accusant Eteni Longondo de favoriser une gestion caractérisée par « l’absence de pièces justificatives probantes des dépenses ».

Pourtant, près d’une année durant, Eteni Longondo, membre du parti de Tshisekedi (UDPS), n’avait jamais été inquiété. Cela a suscité des interrogations sur l’impartialité de la justice. Sa mise sous MAP a donc été une preuve que même les membres du parti présidentiel pouvaient répondre de leurs actes devant la justice. Libéré près de 20 jours après, Eteni a fièrement affiché le symbole V, cher à Etienne Tshisekedi, d’heureuse mémoire.

Officiellement, il a bénéficié d’une liberté provisoire. Dans les faits, en RDC, l’épithète « provisoire » est à prendre avec des pincettes. En 2016, Bruno Tshibala a bénéficié de la même mesure. Quelques mois plus tard, il devenait miraculeusement Premier ministre. Depuis, l’homme circule librement à Kinshasa, son procès appartient désormais au passé.

Matata, Kamerhe… victimes de l’Etat de droit ?

Sur la toile, la libération d’Eteni a été diversement commenté. Pour Seth Kikuni, « la libération d’Eteni confirme le fait que l’IGF et la justice sont instrumentalisées par le régime pour maltraiter certains ». Une affirmation que plusieurs thèses peuvent corroborer.

Depuis 2019, la justice semble avoir repris son « indépendance ». L’année passée, Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet du président, a écopé de 20 ans de travaux forcés. Quelques mois après, c’était au tour de Ngoy Mulunda et Jacky Ndala de faire les frais de la justice.

Dans ces trois cas, les intéressés ont sollicité à plusieurs reprises une liberté provisoire, mais n’ont jamais eu gain de cause. Même en cas de maladie, ces « opposants » à Félix Tshisekedi ne bénéficient nullement de clémence.

Poursuivi dans l’affaire dite de Bukanga Lonzo, Matata Ponyo a annoncé récemment être empoisonné. Pourtant, il est « bloqué » au pays. Même son droit à la santé est bafoué alors que l’ancien Premier ministre avait librement accepté de revenir au pays pour, avait-t-il dit, « braver l’injustice ».

Autant d’exemples qui prouvent à suffisance qu’une justice à deux vitesses s’installe lentement dans le pays. Le silence au sommet de l’État semble coupable alors que les mêmes actes ont été décriés hier. L’alternance devrait normalement nous apprendre à réparer les erreurs du passé.

 

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