bavures policières en RDC
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Le mal congolais c’est l’impunité

Après la libéralisation de l’espace politique en 1990, le président Mobutu n’est plus l’homme craint et redouté des années 70 et 80. De nouveaux acteurs le défient et font tomber le mythe de l’homme « léopard ». J’étais encore petit quand les premiers pillages ont commencé en septembre 1991. A la base, des billets de banque boycottés par les commerçants et avec lesquels les militaires avaient été payés.

Beaucoup estiment que plus de la moitié de l’économie du pays fut mise à sac à l’époque. Au lieu de punir les fauteurs de troubles, nos dirigeants ont commis la même erreur que lors de la mutinerie de juillet 1960. Aucune sanction, mais plutôt une amnistie générale et le paiement de primes. Une culture de l’impunité qui n’a fait que créer des noyaux durs au sein des forces de sécurité, évoluant sans être inquiétées. C’est cette culture de l’impunité qui a favorisé l’essor de la corruption. Ceux qui exercent une autorité ne sont pas soumis à des procédures de contrôle de leurs actions.

Trop de crimes impunis

Dans l’histoire de notre pays, de nombreuses exactions ont été commises. Épuration ethnique au Katanga, viols et esclavage sexuels lors de la révolte dite des Kamwina Nsapu, exécutions sommaires, extorsions et tant d’autres. Le rapport Mapping des Nations-Unies documente une grande partie de violations des droits de l’homme commises sur plus d’une décennie.

Le problème est qu’entre-temps, le jeu des alliances politiques a transformé certains ennemis en alliés. Lorsque ceux-ci occupent des postes à responsabilité, réclamer la justice pour les victimes est souvent interprété comme une tentative de déstabilisation et une menace pour la paix. C’est conscients de cela que durant les principales négociations politiques en RDC (1999, 2002, 2006 et 2008), mutins et rebelles ont tenté d’intégrer des propositions d’amnistie générale couvrant les crimes les plus graves. Ce à quoi, les différents gouvernements se sont opposés sans pour autant faire capoter les négociations.

« C’est pas grave, il y aura une amnistie ! »

Les crimes étaient banalisés et effacés par des amnisties. Or, si l’amnistie avait été accordée à Bosco Tanganda, Roger Lumbala, Thomas Lubanga et bien d’autres, ils auraient tous été immunisés contre les poursuites de la Cour pénale internationale.

Pourtant, une paix conditionnée par l’amnistie pour des crimes ne dure pas et crée un cycle permanent où, des exactions seront toujours commises sachant qu’elles seront oubliées grâce à des négociations politiques à l’issue desquelles, les auteurs des crimes accèderont à des fonctions officielles, devenant ainsi non-justiciables.

Quand est-ce que ce mal hérité du Zaïre prendra fin ? Devrons-nous attendre une autre génération pour panser nos plaies et nous réconcilier avec nous-mêmes ? La question reste pendante à chaque cycle électoral et ne semble guère intéresser les Congolais eux-mêmes, tant l’impunité fait désormais partie de notre culture.

 

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