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Médias et pandémies : inventer des stratégies contre les discriminations

Cela a été mentionné dans les articles précédents : les médias jouent un rôle important de catalyseurs de violences ou de paix. Ils sensibilisent aussi, en période de pandémie par exemple, à l’instar de ce qu’on a pu observer au Katanga sur le Covid-19 : des discours d’exclusion.

Il convient pour cela que les organes de presse katangais, et de RDC de manière générale, anticipent les pandémies à venir et leurs conséquences. Cela, en définissant chacun une politique de lutte contre les discriminations. Et l’État devrait les assister en cela.

Des discours d’exclusion, discriminatoires

Un invité qui tient des propos violents contre une communauté en l’accusant d’être auteur de la crise sociale. Ou encore, un reportage qui relaie le discours d’un leader qui invite les gens à se méfier des personnes venant d’une province donnée, car sensées être porteuses de la maladie.

Aussi, cet autre exemple : une émission à téléphone ouvert qui dérape. Car les intervenants ne cessent de proférer des injures et des appels au bannissement d’une communauté prise pour cible. C’est là un échantillon des problèmes qui peuvent marquer la marche des médias dans une région congolaise frappée par le Covid-19 aux conséquences économiques qui tentent certains à s’en prendre à d’autres.

Certes, les organes de presse ont des chartes qui traitent de leur fonctionnement en interne. Des principes que leurs personnels sont appelés à respecter, du code de déontologie du journaliste et leurs lignes éditoriales.

Pour autant, il convient d’apporter une solution spécifique à la question des problèmes particuliers posés par la pandémie. Une politique de lutte contre les discriminations devrait être définie et chaque rédaction devrait être formée pour son application.

Contenu de cette politique

Je crois qu’il faudrait, pour cela, définir les concepts basiques que sont : la discrimination, le racisme, l’injure et d’autres concepts analogues. Cela permettrait à tous d’être d’accord sur ce à quoi il faut s’attendre et contre quoi lutter.

Une discrimination est un traitement défavorable qui doit généralement remplir deux conditions cumulatives : être fondée sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap, etc.). Elle doit généralement aussi relever d’une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement, inciter à des comportements discriminatoires, etc.). Et comme telle, la discrimination est une réalité entre Congolais à ce jour. Elle prend des formes diverses, la plus connue étant le tribalisme ou l’ethnisme.

Le racisme, par exemple, est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races au sein de l’espèce humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d’autres. Et comme la discrimination, elle divise aussi et existe même parmi des gens de même race : les noirs ; et de même contrée ou pays : la RDC, par exemple.

Je crois ainsi que le document qui servira de guide de lutte contre ces phénomènes en RDC, dans leur relation aux crises comme les épidémies, devrait intégrer un registre des problématiques concrètes. Des problèmes qui peuvent surgir en période de pandémie dans une région spécifique. Il faudra ainsi tenir compte des tensions sociales entre communautés, de la dynamique des conflits dans la région du Katanga, dans les Kivu, au Kasaï, etc.

Contrainte ou libre choix ?

Des fiches pédagogiques devraient ensuite permettre aux responsables des rédactions d’avoir des outils de réglementation afin de prévenir et de résoudre les problèmes en question. A la fin, des modules de formation pourraient être prévus afin que les responsables des organes de presse concernés puissent renforcer les compétences de leurs journalistes en la matière, quand les circonstances l’exigent.

Il se posera la question de savoir comment faire pour motiver les organes de presse à se munir chacun d’une politique de lutte contre les discriminations en période de crise. Je ne suis convaincu par la prise des mesures légales qui imposent la contrainte. Néanmoins, des mesures incitatives peuvent être prises à travers le conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Des ressources documentaires peuvent alors être rendues disponibles au sein du CSA afin d’aider les organes de presse à confectionner leurs propres politiques.

 

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