La crise qui frappe l’est de la RDC en raison de l’occupation du M23 met en évidence la fragilité du système bancaire traditionnel. Les banques étant fermées, des milliers de personnes se retrouvent sans accès à leur argent, incapables de subvenir à leurs besoins quotidiens. Seuls ceux qui disposent d’une carte bancaire et qui peuvent se rendre au Rwanda voisin, parviennent à retirer de l’argent.
Cette situation démontre l’urgence de solutions alternatives, notamment le mobile money. Le système de mobile money existe déjà en RDC, mais il s’agit de comprendre comment le rendre plus efficace et le généraliser dans le pays.
Le Kenya, un modèle de réussite
Le Kenya n’a pas fait de mobile money qu’un pillier pour son économie, mais une véritable révolution. Avec le service M-Pesa, lancé en 2007 par Safaricom, le pays a prouvé que les paiements électroniques peuvent transformer une économie. Aujourd’hui, plus de 96 % des ménages kenyans utilisent M-Pesa pour leurs transactions quotidiennes.
Grâce à ce système, un Kenyan peut :
- Recevoir son salaire directement sur son compte mobile ;
- Payer ses factures d’eau, d’électricité et de téléphone ;
- Acheter des produits au marché ou dans des magasins ;
- Transférer de l’argent à ses proches, même dans les zones rurales ;
- Accéder à des microcrédits et à des services d’épargne.
Lever les freins à l’extension du mobile money
Comme nous le savons, le mobile money est déjà utilisé en RDC, mais il reste limité par plusieurs facteurs. D’abord, le faible taux de pénétration du numérique dans certaines régions empêche son adoption massive. Certains coins de notre n’ont pas encore accès au service de mobile money. En plus, le manque d’intégration de ce service dans le paiement des salaires freine son expansion.
Pour que cette solution devienne une véritable alternative, il est crucial de développer des infrastructures numériques, de faciliter l’accès aux smartphones et de sensibiliser les populations sur les avantages des paiements électroniques.
Encourager les paiements électroniques
Un autre défi est la réticence de nombreux commerçants et prestataires de services à accepter les paiements via mobile money. Aujourd’hui, la majorité des transactions se font encore avec de l’argent liquide. Pourtant, avec un système mieux structuré et des incitations pour les entreprises, c’est possible de créer un écosystème où payer son loyer, ses factures ou ses achats avec son téléphone deviendrait la norme.
Le gouvernement devrait encourager cette transition en imposant progressivement le paiement électronique pour certains services publics et en réduisant les coûts des transactions mobiles.
Face à l’instabilité des banques et aux crises récurrentes, il est impératif de repenser l’accès aux services financiers. Le mobile money représente une solution viable pour garantir la continuité économique, même en temps de crise. Mais pour qu’il joue pleinement son rôle, il faut lever les obstacles qui entravent son adoption et son intégration dans la population. Il ne s’agit donc plus de débattre de l’utilité du mobile money, mais d’agir pour le rendre plus efficace à l’échelle nationale.