Plutôt que de reconnaître l’existence de la covid-19, de nombreux Lushois (habitants de Lubumbashi) recourent à une technique incroyable. Il s’agit de taire la maladie et raconter qu’une personne a été empoisonnée. De cette façon, en recourant à la théorie du complot qui cette fois n’incrimine ni le personnel soignant, ni le gouvernement, ils montrent que l’on ne meurt pas de covid-19.
Absolument pas de covid-19 chez plusieurs, mais plutôt d’empoisonnement. Alors, pourquoi la thèse de l’empoisonnement passe mieux dans l’opinion plutôt qu’admettre qu’une personne a succombé à la covid-19 ?
Des décès et des rumeurs
La troisième vague de la covid-19 qui sévit particulièrement dans la ville de Lubumbashi entraîne des morts en série. Même la classe politique locale n’y échappe pas. Le leader emblématique Antoine-Gabriel Kyungu wa Kumwanza, son fils Marcel Kyungu, l’ancien gouverneur Kazembe Musonda, n’y ont pas survécu. Et c’est suffisant pour relancer la thèse de l’empoisonnement autour de cette vague de décès de personnalités dans la ville.
« On est entrain d’éliminer les leaders Katangais en vue des élections de 2023 », pouvait-on entendre ça et là, sans la moindre preuve de la part de ceux qui l’affirment.
Cette vague a tellement pris de l’ampleur, obligeant même les dirigeants de l’UNAFEC, parti politique de Kyungu wa Kumwanza, de se fendre d’un communiqué pour apaiser les esprits qui s’échauffaient déjà.
« En ma qualité du secrétaire général du parti, j’appelle tous les hauts cadres, combattants et combattantes à rester calmes, sereins et surtout disciplinés pendant ce moment très difficile que traverse notre parti », disait le communiqué de l’Unafec. Il précisait également que le président national de L’UNAFEC a tiré sa révérence en Angola où il a été évacué, à la suite d’une courte maladie.
Mais en refusant de déclarer officiellement et publiquement que Kyungu wa Kumwanza est décédé de suite de la covid-19, les autorités, notamment celles de son parti, ont contribué à donner de l’ampleur à ces rumeurs. D’autant plus que Lubumbashi est une ville où plus d’une personne nie carrément l’existence du coronavirus.
Il en était de même, lors de la vague de décès à la présidence de la RDC à Kinshasa. Le pays enregistrait alors ses décès inquiétants pour le personnel soignant qui le suivait. Le Coronavirus venait d’être déclaré dans le pays. Et des coupables qui seraient à l’origine de ces prétendus « empoisonnements » sont même vite désignés dans le cercle présidentiel. Alors que c’est tout simplement la covid-19, la cause.
Covid-19, maladie honteuse ?
Est-ce pour éviter de se couvrir de discrédit ou pour que les gens refusent d’assister au deuil ? Je me questionne. Car lorsqu’il y a un deuil et que les gens n’y assistent pas, c’est socialement mal perçu. Alors lorsqu’on a un décès de suite du coronavirus, on préfère carrément parler d’empoisonnement pour éviter le bannissement et le rejet.
Et pourtant la covid-19 ne peut être considérée comme une maladie « honteuse » et désobligeante. La reconnaître officiellement permet aux personnes non touchées de prendre des mesures pour s’en prémunir et ainsi sauver des vies. Ça permet aussi de tordre le cou aux rumeurs et de lutter contre la désinformation.
N’ayons pas peur de nous déclarer covid-positifs ou de dire qu’un proche est décédé du covid-19.