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RDC : le non accès à l’information facilite la désinformation

Avoir accès à toute l’information sur la gestion de son pays est un droit fondamental de tout citoyen. Cela permet un meilleur contrôle citoyen. Or, en RDC, l’information sensible est confisquée ; et si jamais vous l’avez obtenue, votre vie est en danger. On dirait qu’il y a des choses que les citoyens ne devraient pas savoir.

Ce 28 septembre n’est pas un jour comme un autre : c’est la journée internationale de l’accès universel à l’information. Je saisis cette occasion pour dire non aux restrictions faites à l’accès à l’information en RDC. Donnez-nous l’information s’il vous plait. Le citoyen ne devrait pas vous être utile seulement quand vous venez solliciter sa voix aux élections, il a aussi droit de savoir comment vous gérez la nation : les dépenses, les recettes, les données de gestion, vos relations en tant que dirigeants, etc. Le fait de bloquer l’information fait le lit des spéculations, fake news, intoxications…

Nos autorités ont le devoir de partager avec la population la vraie information sur toutes les questions qui l’intéressent : combien d’emplois créés ? Combien d’argent entre au Trésor public ? Comment sont utilisées les recettes de telle taxe, de tel impôt ? Pourquoi la construction de tel hôpital n’est pas terminée ? Etc. Les citoyens ont besoin de toutes ces explications pour voir s’ils peuvent encore vous faire confiance ou non.

« Informer les citoyens constitue une obligation principale de l’Etat selon plusieurs conventions et normes internationales », avait déclaré l’année dernière Jean-Pierre Ekondo, représentant de l’Unesco en RDC.

« Stop, on ne reçoit pas les journalistes ici ! »

Souvent nous les journalistes, on nous accuse de tous les péchés d’Israël lorsqu’une information diffusée s’est avérée fausse. Mais la question est : quand nous venons chercher l’information à la source, est-ce que vous nous la donnez ? Est-ce que vous nous recevez même ? La seule occasion où vous acceptez de nous recevoir, c’est lorsque vous avez besoin de nos médias pour amplifier votre propagande. Vous ne cherchez les journalises que pour relayer votre point de presse.

On le sait, nos dirigeants sont très avares en information. Mais la population devient de plus en plus exigeante. Elle a besoin de connaitre tout ce qu’il se passe sur la gestion de la chose publique. En RDC, les citoyens lambda ne connaissent pas par exemple le salaire exact du chef de l’Etat, d’un ministre, d’un gouverneur de province, d’un mandataire public, etc. Je pense que c’est tout-à-fait notre droit de le savoir, car toutes ces personnes sont payées avec l’argent du contribuable congolais.

Quand nous allons à l’hôtel du gouvernement pour nous enquérir des problèmes de gestion, de mécontentement des agents ou de détournements qui ont fuité, on nous dit : « On ne reçoit pas les journalistes ici ! » A chaque fois c’est un refus catégorique de nous donner la vraie information. C’est parce que tel ou tel ministre est en cause. Mais qu’on le veuille ou pas, le scandale finit toujours par atterrir sur la place publique !

Le droit à l’information violé sans gêne

Nous ne demandons pas qu’on nous livre des secrets défense. Mais je ne vois pas pourquoi on devrait nous refuser l’information quand quelqu’un a détourné les deniers publics ou a usé de harcèlement sexuel sur sa collaboratrice… Vous êtes une personnalité publique, vous avez des comptes à rendre à la population, parce que vous travaillez pour elle.

Au Kasaï-Oriental par exemple, il est inacceptable que les conseils des ministres du gouvernement provincial se tiennent sans aucun compte rendu à la fin. Une situation régulièrement dénoncée par des activistes comme Nicolas Mbiya du mouvement Lutte pour le changement (Lucha). Lorsqu’il n’y a pas de compte rendu, la conséquence est que les citoyens ignorent tout ce que le gouverneur Jean Maweja et ses ministres se disent dans leurs salles de réunions climatisées.

Cette façon de priver la population d’information ne peut qu’encourager l’infox et la manipulation.

 

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