Cela va faire trois jours que tout le pays est plongé dans un black-out total. Les près de 4 millions de Congolais qui utilisent internet via le mobile et par ricochet plusieurs autres millions qui s’informent via internet sont tous coupés du monde. Plus grave, ils sont isolés dans leur propre pays. Mais pourquoi déjà ?
Officiellement ce même gouvernement prétendra que c’est pour éviter l’intoxication et les dérapages. Voire la désinformation ! Comme si nous pouvions vous y croire ! La raison n’est autre que celle-ci : le gouvernement ne veut pas qu’on voie les brutalités que la police commet pendant ces marches.
Habari RDC, nous sommes un média en ligne, notre champ d’action est donc internet ! Couper internet pendant trois jours simplement une galère injuste pour nous, pour les 5 000 personnes qui nous suivent sur Twitter et les 200.000 sur Facebook. Et au-delà, couper internet c’est rendre une population sourde et aveugle. Non seulement le droit à l’information de millions de Congolais est bafoué, mais aussi le droit d’accès à internet.
Laissez-nous internent pour que l’information passe
Le Droit d’accès à l’information (DAI) est un droit fondamental de l’individu et de la collectivité de chercher à savoir et de faire savoir ce qui se passe dans la vie publique selon les Nations-Unies.
Ce Droit permet de lutter contre les injustices, la corruption et d’autres dérapages des dirigeants. Mais dans le contexte actuel, comment voulez-vous que vos gouvernés, nous les citoyens Congolais, vous accordions notre confiance ? Si vous n’avez rien à vous reprochez, cher gouvernement, prouvez-le lors de ces périodes de marches ! Montrez en transparence que la police peut se comporter civilement et que les agents de l’ordre ne commettent pas de violations des droits des citoyens gratuitement. Pour cela, il faut que Internet reste ! Il faut que l’information passe !
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RDC, membre du Conseil des droits de l’homme bafoue l’article 19
« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » c’est ce que stipule l’article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme.
C’est sur cette base que le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des nations unies (ONU) a adopté en 2016 la résolution pour «la promotion, la protection et l’exercice des droits de l’homme sur internet », instituant ainsi l’accès à l’Internet comme un droit fondamental !
Devrais-je vous rappeler chers membres du gouvernement qui nous coupez internet que notre pays est depuis le 16 octobre dernier membre de ce conseil ? Notre pays devrait être un des premiers protecteurs de ces droits fondamentaux ?
Couper internet ne devrait plus être un jeu pour vous, une décision à prendre à la légère, ni une sorte de protection pour ceux qui sont au pouvoir !
Pour finir, être coupés d’internet ne nous a pas empêché de connaître le bilan, quoique provisoire, des marches du 21 janvier, que nous répétons ici : 6 morts par balles, 127 blessés dont certains par balles et 210 interpellation selon la CENCO ! Preuve que l’on peut empêcher des marches, mais qu’on ne peut empêcher l’information de circuler. Alors rendez-nous internet !
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