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Eruption du Nyiragongo et ses conséquences à Goma : que disent les mouvements citoyens ?

Depuis le samedi 22 mai 2021, le territoire de Nyiragongo et la ville de Goma au Nord-Kivu sont secoués par l’éruption du volcan Nyiragongo et d’intenses tremblements de terre. Le journaliste et blogueur Dieudonné Mango est allé rencontrer les jeunes de la Lucha pour recueillir leurs avis et recommandations en rapport avec la situation dramatique que traversent les victimes de l’éruption du volcan.

Environ 35 personnes sont mortes à la suite de cette catastrophe naturelle. Des milliers d’habitations et d’infrastructures ont été détruites. Une dizaine de quartiers de Goma demeure sous la menace d’une éruption à terre ou sous le lac. De nombreux habitants de Goma et du territoire de Nyiragongo ont été obligés de se déplacer vers Masisi, Rutshuru, Bukavu et le Rwanda.

Un militant de la Lucha rencontré par Dieudonné Mango se dit consterné par la catastrophe humanitaire. Il en parle en ces termes : « Nous exprimons notre compassion à l’égard des populations affectées par l’éruption du Nyiragongo. Nous leur témoignons tout notre soutien en ces moments difficiles. Nous nous mobilisons autant que nous le pouvons à Goma, Sake, Rutshuru et Butembo pour réunifier les familles séparées, apporter une assistance alimentaire aux déplacés et accueillir dans nos familles ceux qui n’ont pas où dormir. »

Le jeudi 27 mai 2021, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, soutenu par la délégation de 7 ministres nationaux venus de Kinshasa pour aider à gérer la catastrophe, avait demandé à la population d’évacuer une dizaine de quartiers de Goma et promis de rendre disponibles des véhicules pour transporter et accompagner les déplacés vers Sake. Une aide humanitaire avait également été promise par les autorités.

La Lucha déplore « la gestion chaotique et irresponsable par les autorités congolaises » de cette catastrophe et de la crise humanitaire qui s’en est suivie. Lors de l’évacuation des habitants, aucun véhicule de transport n’a été disponible. Plus grave, aucun site n’a été aménagé pour héberger les déplacés. Selon les jeunes de la Lucha, pas de nourriture distribuée, pas d’abris non plus. Le surpeuplement des camps a engendré une forte pénurie d’eau, mais aussi la flambée des prix de denrées de première nécessité.

Un autre militant déclare : « l’Observatoire volcanologique de Goma, qui est censé suivre de très près l’activité des volcans Nyiragongo et Nyamulagira, n’a ni alerté la population sur l’éventualité d’une éruption le 22 mai, ni communiqué un plan de contingence à la hauteur du danger. Lorsque tout ceci sera fini, les responsabilités devront être établies pour ce manquement grave. »

Le gouvernement central a certes dépêché une forte délégation ministérielle à Goma en date du 23 mai 2021 pour évaluer les besoins et fournir une assistance d’urgence aux sinistrés. Mais après un séjour de 4 jours, la délégation est malheureusement rentrée à Kinshasa le 27 mai, laissant derrière elle des milliers de sans abris et de déplacés sans site d’hébergement, sans nourriture, ni eau courante.

Au vu de la situation humanitaire désastreuse sur le terrain et du déficit d’information officielle sur l’activité éruptive et sismique, la Lucha recommande aux autorités ce qui suit :

  • Aménager en toute urgence des sites d’hébergement des déplacés à Sake, Minova, Kibumba, Rutshuru et Bukavu ;
  • Fournir une assistance alimentaire aux déplacés, assurer l’accès gratuit à l’eau et aux soins ;
  • Mettre à la disposition des déplacés et des sans abris des moyens de transport pour leur déplacement vers les sites d’hébergement ou vers Goma lorsque les conditions auront permis un retour ;
  • Mettre en place un canal de communication permanent, accessible et interactif sur l’activité du volcan.

Si ces actions ne sont pas réalisées rapidement et de manière efficace, les zones concernées pourraient connaître une forte épidémie de choléra qui sévit déjà dans la région. Par exemple, depuis le 28 mai jusqu’à ce jour, on a déjà dénombré 12 cas de choléra à Saké dont 6 au centre de santé de cette cité et 2 autres à l’hôpital général de Kiroche Bweremana.

 

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