En matière de création artistique, Olivier Fall Masey a toujours son mot à dire. Déjà tout petit à Kinshasa où il vivait, il intègre la chorale d’une paroisse de la ville. « L’art s’est toujours montré à moi, malgré moi », explique-t-il.
Avec un grand-père menuisier, des parents amoureux de lecture et d’écriture, Olivier Fall, a nagé dans la sphère des arts. Cela, malgré ses études en management d’entreprise. Son environnement proche l’a toujours considéré comme « un artiste à part entière ». Olivier en parle : « C’est toujours moi qui faisais la décoration et qui m’occupais de la scénographie chaque fois que l’école organisait un événement. Je le faisais de la manière la plus naturelle, sans vraiment penser que j’avais quelque chose d’artiste en moi. »
Début d’une carrière professionnelle
Sa carrière, il ne la commence pourtant pas facilement. Premièrement, Olivier doutait lui-même de son talent artistique ; lui, qui se voyait devenir un jour footballeur professionnel. Face à cette deuxième passion, les choses ne se passent pas comme il l’aurait souhaité : Olivier tombe malade pendant une longue période. Plus grave, ses parents divorcent. Il est élevé par sa mère seule, qui ne voit pas pour lui un avenir prometteur dans la pratique de l’art.
Le dénouement de la situation viendra à travers une religieuse. Celle-ci oriente Olivier vers la musique d’église. C’est là que son talent artistique a commencé à se manifester. Olivier intègrera par la suite l’Institut des Beaux-Arts de Kinshasa. Mais étudier n’est pas toujours facile pour le jeune-homme, qui doit en même temps prendre en charge sa mère. Il enchaine de petits boulots, il fait de la peinture par-ci par-là pour vivre. Il est régulièrement invité pour l’impression de numéros de sièges du stade des Martyrs.
Grâce à son oncle
Parfois, la chance peut venir à travers une personne à qui on s’attend le moins. Dans le cas d’Olivier, c’est son oncle, un officier militaire. Il fait venir Olivier dans le Katanga, pour lui permettre d’y poursuive ses études universitaires, mais dans un domaine autre que celui des arts. N’ayant pas le choix, Masey décide de s’éloigner de sa passion. Mais pas pour longtemps. Car, très vite, après ses études en management d’entreprise, il est rattrapé par la pratique de l’art. « Lubumbashi, c’est ma terre promise, la terre de ma réalisation en tant qu’artiste ! », s’exclame-t-il.
Démarche artistique, matériaux et source d’inspiration
Pour exprimer ses idées, Olivier recourt à des objets du quotidien, trouvés ou ramassés. Ces matériaux divers peuvent être « des antennes paraboliques, des scories et des tuyaux flexibles ». Lors de ses différentes créations, il donne à ces objets un nouveau souffle, en vue d’une seconde vie, pour qu’ils deviennent des objets de contemplation. « Il s’agit de questionner, poser un regard sur le gaspillage des ressources naturelles utilisées pour la fabrication de ces objets dont on se défait rapidement sans penser à leur recyclage », explique l’artiste.
A propos de ses sources d’inspiration, Olivier se sert non seulement de son vécu quotidien, mais aussi de ce que la société renvoie à son imagination pour créer. C’est pourquoi, son exposition « Bosolo » (Institut français de Lubumbashi, 2023) part de son expérience personnelle pour aborder par exemple les rapports de forces au sein d’un couple.
Le fait de détourner les objets du quotidien de leur fonction première pour créer, permet à Olivier Fall Masey non seulement de leur donner une seconde vie, mais aussi et surtout, de nous connecter à notre temps et notre espace.