« Ces agentes aux faux ongles dans les banques, respectez notre temps ». Comme moi, vous avez peut-être lu cet article du blogueur Ambanengo sur Habari RDC. C’est son opinion, je le respecte, mais j’estime que le problème de la lenteur dans les banques et les entreprises publiques est plutôt ailleurs que sur les « faux ongles » des femmes qui y travaillent.
Tout d’abord, il faut reconnaitre qu’il y a un problème criant d’un déficit énorme lié à la qualité des services clients dans plusieurs entreprises de notre pays. J’ai moi-même eu une expérience où des agents d’une banque de la place, femmes comme hommes, passaient leur temps à converser plutôt qu’à travailler alors que plusieurs clients, moi y compris, étaient en attente. A la banque, nous sommes des clients, c’est à l’hôpital que nous sommes des patients. Le client est roi, dit-on.
C’est sexiste de féminiser la médiocrité
Il est vrai que les ongles, qu’ils soient faux ou vrais, du moment qu’ils sont « longs », ils rendent parfois difficile la saisie des textes. Toutefois, partir de cette expérience personnelle pour généraliser sur les femmes, c’est ce qu’on appelle « la féminisation des erreurs ou de la médiocrité ». Comprenez par-là, cette façon qui consiste à généraliser une expérience néfaste vécue avec une seule femme comme étant une caractéristique de toutes les femmes. Ce sont des pratiques à ne pas du tout encourager. Les femmes ou les hommes ont le droit de s’habiller comme ils veulent tant que cela respecte la pudeur.
Qu’on fustige la lenteur des services dans les banques, c’est une chose, mais delà, indexer une incompétence professionnelle par rapport au sexe de la personne, c’est abuser totalement. Certaines d’entre nous portent de « faux ongles » mais sont rapides aux claviers. Je ne vous dis pas le nombre de rapports que je rédige par jour, tout en ayant des « faux ongles ».
« Il vous faut des doigts libres…les banques ne sont pas des instituts de beauté »
Dans la conclusion de son billet, le blogueur dit : «… Vous les filles qui travaillez aux guichets, je pense qu’il vous faut quand-même des doigts libres pour facilement taper sur un clavier, et servir rapidement les clients… ». J’aimerais ici préciser que le fait de porter des « faux ongles » n’est pas du tout un emprisonnement d’ongles pour supposer que les doigts doivent être libres à cause de faux ongles.
C’est comme s’il suffit que toutes les femmes aient de « vrais ongles » pour que tous les problèmes de lenteur aux banques soient résolus, et pourtant, il n’en est pas le cas.
Le problème des services clients
Les facteurs qui causent la lenteur des services dans nos banques peuvent être liés aux problèmes d’Internet, de liquidité, des traitements VIP en fonction des visages plutôt qu’en fonction des comptes business, d’incompétence des agents… Je l’admets, mais pas du tout liés à l’apparence, au sexe, ni à la qualité (vraie ou fausse) des ongles d’une opératrice.
Lançons un appel aux banques pour qu’elles améliorent leurs services, mais n’indexons pas les femmes. Cela passe par le recyclage des personnels, hommes comme femmes, des temps en temps ; mais aussi, qu’elles disposent des boites à suggestions (pour celles qui n’en ont pas), pour prendre les feed-back des clients sur la qualité de service.