Les langues et cultures nationales jouent un rôle très important pour l’identité et l’authenticité d’une nation. Mais depuis peu à Kinshasa, nous constatons une dévalorisation des langues nationales au profit de la langue dite officielle, le français.
Je voudrais d’abord dire qu’apprendre le français n’est pas du tout mal. Mais négliger nos langues locales, ça oui, c’est mal.
Dans ce tumulte linguistique, nous pouvons constater un changement de comportement qui peut être qualifié de « civilisé » parce qu’on parle très bien la langue officielle. Et le contraire c’est quand vous êtes attachés aux langues nationales. Par complexe purement linguistique, certaines personnes sont prêtes à renier leur langue maternelle.
Future mère congolaise qui préfère le français
Ce qui n’est pas une mauvaise chose, car le français est une langue officielle en République Démocratique du Congo. Cependant, lorsqu’on oublie les langues nationales pour des raisons de vulgarité, c’est là que le bât blesse.
Josiane, jeune femme et future mère qui habite à Kinshasa trouve que ce n’est pas important que son enfant parle le lingala. Elle estime que cette langue est très vulgaire et pousse l’enfant à devenir impoli. Elle avance que son enfant étudiera en français de toute façon et qu’il est préférable qu’il commence déjà à l’apprendre dès le bas-âge.
Pour elle, cette position n’est pas prise par complexe mais parce qu’elle veut apprendre les bonnes manières à son enfant, et qu’il n’y a pas mort d’homme si son enfant n’apprend pas une langue nationale.
Problème de repère dans une génération
Par contre, Aida, une Congolaise qui vit en France depuis longtemps, explique la gêne qu’elle a ressentie de voir qu’elle a vécu durant toute son adolescence à Kinshasa mais ne savait presque pas aligner deux phrases de lingala sans y mettre un mot de français.
« J’ai grandi à Kinshasa et je ne m’exprimais qu’en français sans prononcer (ou presque pas) un seul mot de lingala. J’ai toujours cru que c’était normal et je voyais même en ça une forme de supériorité vis-à-vis des autres. Jusqu’à ce que j’ai quitté le pays pour la France où la seule façon de me faire identifier par les personnes que je rencontrais, était de savoir si je maitrise les langues de chez moi.
Aujourd’hui, j’ai appris certaines langues de chez moi et bientôt, je serai mère. Mes enfants ne tomberont pas dans cette erreur. Je vais leur apprendre au moins une langue nationale. C’est une identité nationale ! », explique cette expatriée.
L’apport du système éducatif
La valorisation des langues nationales dans le système éducatif est une priorité. L’héritage linguistique doit être conservé pour que la future génération puisse savoir qui nous sommes réellement. Avoir des cours, ou tout un cycle pour l’apprentissage des quatre langues nationales, devrait être primordial pour être un peuple plus soudé.
La question se pose maintenant : les bonnes manières ne s’apprennent pas en lingala ? Nous pouvons croire ce que nous voulons sur les langues nationales ou sur l’une d’elles en particulier, mais ce qu’il faut savoir ce que beaucoup de gens dans nos familles, depuis toujours, nous avons été éduqués en lingala et cela n’a pas fait de toute la capitale des impolis. Merci !