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Le poison, la nouvelle épice des rencontres publiques à Kinshasa ?

Dans les églises, entre pasteurs, en politique, à l’université ou au boulot, les décès inexpliqués et les empoisonnements se multiplient à Kinshasa. Cela n’épargne personne et le nombre de cas ne se compte plus.

Au vu de la situation, je me demande quelle famille à Kinshasa n’aurait pas encore enregistré un cas d’empoisonnement parmi les siens.

Un phénomène qui inquiète

Ce phénomène commence à inquiéter, si bien que les gens deviennent méfiants lorsque vous leur proposez quelque chose à boire ou à manger pendant la pause au travail ou lorsqu’ils vous rendent visite à la maison. Je me souviens encore de ce haut fonctionnaire de l’État, collègue de ma sœur qui nous avait rendu visite, mais qui refusa à boire, tout simplement parce qu’il avait déjà été victime d’un empoisonnement au cours d’une visite similaire quelque part. Cela nous a été soufflé par notre sœur pour nous expliquer l’attitude du monsieur qui fut le seul à décliner l’offre parmi ceux qui constituaient la délégation.

Les Kinois étant connus pour leur générosité légendaire, j’ai bien peur que cette qualité n’entre petit-à-petit dans les oubliettes. La méfiance et la vigilance à table s’invitent maintenant dans notre quotidien. Vous vous souviendrez sans doute de l’audience du « procès de 100 jours » du 04 juin 2020 au cours de laquelle nous avons vu certains témoins se présenter à la barre, portant leurs propres micros ou encore recourant au port de gants. Toutes ces précautions me laissent croire que se présenter dorénavant dans un endroit public sans redoubler de vigilance serait faire preuve d’une foi aveugle.

« En cliniques, les cas d’empoisonnement ne sont pas souvent bien suivis »

Un médecin d’un hôpital public de la place me confiait : «  Généralement en clinique, les cas d’empoisonnement ne sont pas souvent bien suivis parce qu’on n’a pas souvent l’antidote adapté pour [certains poisons]. Il faut parfois faire certaines analyses pour trouver l’antidote adéquat. Ce qui fait que la plupart des patients commencent d’abord par le traitement traditionnel et quand ça ne marche pas, ils viennent à l’hôpital. Or, les traitements en clinique ont souvent tendance à accélérer le processus du poison, ce qui fait que parfois ils ne survivent pas. Surtout quand cela a déjà atteint les reins, le cœur, le foie… »

Une autre personne ayant déjà été empoisonnée m’a confié qu’elle avait dû débourser « environ 2000 $ pour un traitement complet ». A en croire ses dires, la médecine traditionnelle engrangerait d’importantes sommes d’argent face à ce business qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Parfois je me demande si certains ne seraient pas à la base de la vente de ces poisons tout en étant détenteurs de l’antidote.

Pour que les Kinois retrouvent leur convivialité d’autrefois, il faudrait que les autorités puissent prendre toutes les mesures en vue de mettre hors d’état de nuire toutes ces personnes qui se font de l’argent en empoisonnant les autres. Je tiens, toutefois à saluer le courage de certains praticiens de la médecine traditionnelle qui utilisent leur savoir-faire pour soigner et non pour être à la solde de ceux qui veulent en découdre avec leurs ennemis.

 

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