Censée sécuriser les femmes à Lubumbashi, la police de protection de la femme et de la jeune fille se transforme en un cauchemar. Cette unité a dévié de son objectif pour sombrer dans des abus, au lieu d’être un refuge pour les victimes de violences basées sur le genre.
L’idée de créer cette unité semblait prometteuse : combattre les violences sexuelles et protéger les femmes dans une ville où ces violences restent malheureusement courantes. Pourtant, dans la pratique, l’unité s’est distinguée par des arrestations arbitraires et des pratiques d’extorsion. Il suffit qu’une femme soit vue avec un homme en soirée pour être arrêtée. Une fois en détention, la libération dépend souvent du paiement de pots-de-vin.
Ces abus ont créé un sentiment de méfiance généralisée. Les femmes qui osent porter plainte sont désormais perçues comme des opportunistes cherchant à soutirer de l’argent aux hommes qu’elles dénoncent. Une perception erronée, mais déjà ancrée dans les scandales qui entourent cette unité.
Repenser la lutte
Loin d’apporter une solution, cette unité a renforcé la peur et l’humiliation des victimes. Certaines femmes, au lieu d’être écoutées et aidées, ont été maltraitées par un système qui exploitait leur vulnérabilité. Pire encore, ces agissements ont décrédibilisé la lutte contre les violences faites aux femmes, banalisant de mauvais comportements déjà trop tolérés.
La suspension de cette unité en 2022 était nécessaire, mais elle ne suffit pas. Les séquelles de ses pratiques sont encore visibles dans la méfiance des citoyens envers les initiatives policières en matière de violences de genre. Restaurer cette confiance passe par des réformes profondes : former des policiers sensibles aux enjeux des droits des femmes, établir des mécanismes indépendants de contrôle et, surtout, garantir que chaque plainte soit traitée avec respect et impartialité.
Les abus de cette unité nous rappellent qu’une cause aussi importante que la lutte contre les violences de genre ne devrait tolérer aucun abus. Il est temps de redonner à ce combat toute sa dignité et sa légitimité.