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Et si au final le Congolais aimait sa souffrance ?

Les agissements du peuple Congolais me font penser au Cid de Pierre Corneille, scène V, où l’Infante dit à Léonor : « Et lorsque le malade aime sa maladie, qu’il a peine à souffrir que l’y on remédie. » Le Congolais aimerait-il la situation dans laquelle il vit depuis les18 dernières années qu’il ne veut rien risquer pour que cela change ? Il n’existe pas de mauvais dirigeant, mais plutôt un mauvais peuple.

Le Congolais aime sa condition de misère, c’est la seule explication au fait que plus de 85 millions d’habitants se laissent mener par le bout du nez par quelques dizaines d’individus de la capitale Kinshasa. Il est inutile de rappeler combien la vie du Congolais n’intéresse pas les dirigeants.

En 2006 et en 2011, nous avons élu des représentants pour travailler pour notre bien, ils sont nos employés, mais ces derniers n’ont fait que continuer avec un système hérité de Mobutu : corruption, pillage et enrichissement personnel. L’indice de vie du Congolais est parmi les derniers au monde, le pays est l’un des plus pauvres alors qu’il regorge de ressources inégalées. Tout le monde est d’accord qu’il faut que la situation du Congolais change, tout le monde sauf le Congolais apparemment.

Pieds et mains liés ou simple inaction complice ?

Le peuple a normalement deux voies pour sanctionner ses dirigeants. Les élections et le soulèvement populaire. Les élections sont la voie légitime de se choisir des dirigeants pour remplacer ceux qui auraient failli à leur mission et reconduire ceux qui ont bien travaillé. Mais voilà que depuis 2016, on nous prive de ce droit. Depuis 2016, on va de report en report. Trois reports et le peuple se laisse faire. Aujourd’hui c’est un quatrième report – partiel – qui vient d’être actée. On va priver près d’un million trois cent mille citoyens du droit de voter pour leur prochain président. Et que fait le Congolais pendant tout ce temps ? Rien, ou presque. Si cette voie de sanctionner nos dirigeants via le vote est confisquée, le Congolais, s’il voulait vraiment un changement, aurait déjà enclenché une révolution. Mais seuls quelques dizaines de jeunes de la Lucha ou de Filimbi s’essaient  au péril de leurs vies aux manifestations. On penserait que le Congolais a les mains et les pieds liés, non c’est plutôt qu’il laisse faire.

A Kinshasa il y a plus de douze millions d’habitants, il suffirait qu’un demi-million d’habitants marchent pacifiquement dans la capitale, qu’ils aillent au Palais de la nation et au Parlement pour démettre tous les dirigeants élus et imposer que le changement s’opère. Je ne vois pas l’armée ni la police tuer 500 000 personnes qui ne font que marcher pacifiquement. Une mobilisation d’une telle ampleur ferait écho dans tout le pays et le modèle serait suivi comme lors des manifestations de janvier 2015 ou alors les grands mouvements de 1990 qui avaient fait fléchir Mobutu.

Le peuple en a-t-il vraiment marre ?

Mais à mon avis le Congolais ne souffre pas encore assez pour se révolter. Il subit tout sans broncher parce qu’il ne se sent pas encore assez humilié par ceux qui le dirigent. Les morts à Beni et au Kasaï, l’insécurité dans tout l’Est du pays, le manque des structures de santé, des infrastructures de base, les taxes et impôts exorbitants, tout ça ne fait pas encore assez mal au Congolais pour qu’il réagisse.

Quand il arrivera que le peuple en ait vraiment marre, il suffira de quelques jours pour que tout change radicalement. En attendant ce jour, comprenez que le Congolais aime sa situation actuelle, il aime sa maladie qu’il ne veut pas encore en guérir.

 

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Les commentaires récents (5)

  1. Pas très d’accord avec le fond de l’article; la mentalité de la révolte est certes encore limitée dans le fief du congolais, mais je pense que c’est plus par rapport à un aspect de résignation que d’acceptation de la souffrance.

  2. « Le Congolais aime sa condition de misère »
    Non pas du tout, il est juste contré de faire avec, de se trouver une échappatoire, dans la misère qui lui sert de vague, il est obligé de se trouver un équilibre sur sa planche de surf.

    « Je ne vois pas l’armée ni la police tuer 500 000 personnes qui ne font que marcher pacifiquement. »
    Je n’en suis pas sûr. Aux vues de ce qui est arrivé à la marche des catholiques et des laïcs du 25 février 2018 et autres manifestations pacifique que nous sommes sans ignoré. les congolais avec toutes ces mauvaises politiques, il a perdu son calme et sa force de réflexion pour s’abrutir, il pense qu’une révolution s’est se jeter dans la rue comme des graines dans le champs; imaginez-vous le sort d’une armé qui va en guerre sans stratégie; que des morts et des blessés sans repousser d’un centimètre l’ennemi. inspirons-nous de la lutte contre apartheid menée par Nelson Mandela en Afrique du sud et cogitons sur ces quelques mots du rappeur Kery James:
    Y’aura jamais d’évolution sans profonde remise en question
    Et est-ce qu’il y a plus fou qu’un fou qui croit avoir la raison
    Dois-je préciser ma vision?
    Tant qu’on se prendra pour ce qu’on est pas
    On courra dans tous les sens, mais on ne fera jamais un seul pas
    La pauvreté ne peut excuser
    Le fait de se comporter comme des non-civilisés
    L’agressivité constante et les insultes,
    En fin de compte,
    ne profitent qu’à ceux qui nous font passer pour des incultes
    Ne profitent qu’à ceux qui nous haïssent
    Nous désignent comme problème et pour ça nous salissent
    Réalise que tu sers d’idiot utile tant que tu n’as aucune vision
    Si tu n’aimes pas te faire battre, pourquoi tendre le bâton?
    Tu veux faire tomber le système, vomis la pilule
    Et commence par refuser qu’il te manipule
    Pour qu’une rébellion aboutisse, elle doit être pensée
    Et je sais, qu’on ne mène pas une révolution le froc baissé,…