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Est-il possible de régler les conflits fonciers par la médiation ?

Dans la plaine de la Ruzizi à l’est de la République démocratique du Congo, les conflits fonciers sont récurrents depuis plusieurs années. Les rivalités intercommunautaires entre les peuples Bafuliro et Barundi font de plus en plus de morts dans cette zone.

Dans le village appelé Luvungi (50 km au sud de Bukavu), un cultivateur du nom d’Akili Bahati, la trentaine révolue, appelle les habitants de sa communauté à régler leurs conflits de terre par le dialogue. Il les exhorte à privilégier la cohabitation pacifique.

Au Sud-Kivu, la plaine de Ruzizi abrite les chefferies de Bafuliro et de Barundi, deux tribus qui se font la guerre régulièrement. Les Bafuliro représentent environ 80% de la population locale, contre seulement 20% pour les Barundi. Les affrontements entre ces deux tribus ont déjà fait plusieurs dizaines de morts.

Au moins 30 morts

Ici, les conflits fonciers se règlent souvent au bureau local des affaires foncières, mais aussi grâce aux sages du village et aux notables locaux. « Régler une dispute de terre sans qu’il y ait une goutte de sang qui coule, c’est pour moi une victoire », déclare Akili Bahati. Et d’ajouter : « Chez nous, les populations se disputent les limites des plantations et même la succession de terre. C’est par là que tout commence. »

Lors du conflit de 2014 entre les Barundi et Bafuliro, au moins trente personnes ont été tuées à Mutarule, village situé à quelques kilomètres de Luvungi. Vingt-huit personnes ont également été blessées. Les victimes de l’ethnie Bafuliro ont été tuées pour la plupart alors qu’elles dormaient dans une église protestante. Parmi ces victimes, il y avait un membre de la famille d’Akili Bahati.  « Revivre encore des tueries sur les conflits de terre, c’est dur ! », reconnaît-il.

Respect et confiance

Akili et d’autres personnes ont réussi à régler plusieurs conflits liés à la terre. Depuis le début de l’année 2017, sur les 20 dossiers recensés, ils ont réussi à aider environ huit familles à retrouver leurs champs jadis occupés illégalement.

« Vers le mois de janvier, je suis arrivé à trancher une dispute de terre qui opposait un homme à sa demi-sœur. L’homme ne voulait pas que sa demi-sœur puisse hériter d’un champ parce que pour lui, un enfant né hors mariage n’a pas droit à l’héritage. Après plusieurs jours de discussions, cet enfant né hors mariage a été remis dans ses droits grâce au dialogue et à l’accompagnement des autorités du village. C’était un succès », se félicite Akili.

Cet homme très connu dans la plaine de la Ruzizi a gagné aujourd’hui le respect et la confiance des populations locales grâce à son courage à défendre la paix dans sa communauté.

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