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Présidentielle : Mukwege ou pas Mukwege ?

L’homme qui « répare les femmes » va-t-il se décider à « réparer » la République démocratique du Congo ? La prochaine présidentielle semble lui tendre les bras…

Si le lièvre de la fable de La Fontaine a commis l’erreur de s’engager trop tard dans la course contre la tortue, Leuk l’Africain est plus malin que son homologue français. En RDC, alors que l’élection présidentielle doit se tenir –hors « glissement »– avant un trimestre et que l’enregistrement des candidatures par la Commission électorale s’achève le 8 octobre prochain, un « candidable » n’a pas encore donné sa position…

Le nom du docteur Denis Mukwege est sur toutes les lèvres, des moins enthousiastes aux plus enamourées, mais le fondateur de l’hôpital de Bukavu n’a toujours pas rompu le suspense. Stratégie ou hésitation ? Ses aficionados commencent à s’inquiéter, une campagne électorale et un présumé mandat présidentiel ne pouvant s’improviser. « Aucune improvisation », semblent répondre, point par point, ses partisans les plus politisés…

Côté finances, la récolte récente de 160 millions de francs congolais, équivalant à 64 000 dollars américains pour le dépôt éventuel de la caution de candidature, a démontré la capacité de mobilisation financière des citoyens les plus ordinaires. Côté engagement militant, Mukwege n’a jamais eu la langue dans sa poche, dénonçant des risques de fraude électorale et appelant les Congolais à un sursaut.

Côté programme, des proches évoquent une articulation autour de 12 piliers largement dominés par les questions de gestion de l’impunité, de paix et de risque de balkanisation de la RDC. Côté majorité législative éventuelle, des regroupements de la société civile pourraient s’aligner derrière le médecin, en cas de candidature, et fournir des élus aux députations nationales et locales.

Enfin, côté notoriété internationale, le prix Nobel de la paix 2018 n’aurait rien à envier à ses concurrents. Mais c’est peut-être là son handicap éventuel. Une aura planétaire n’est pas toujours alignée sur une popularité nationale. Mukwege est souvent décrit comme « l’homme de l’Occident ». Idolâtré par les grands d’Europe qui manquent rarement de le rencontrer lors de leur séjour congolais, il est financé notamment par l’étranger, pour ce qui est de ses activités médicales.

Si les soutiens de Mukwege s’activent dans les médias, leur « pur-sang » renoncera-t-il devant l’obstacle ? S’il nourrissait toujours des craintes de fraude au profit du chef de l’Etat sortant, le gynécologue pourrait s’épargner une vraie-fausse défaite dans l’arène politique. Au contraire, sortira-t-il de sa « zone de confort » qui, déjà, n’est pas des plus confortables ?…

 

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