Procès politique ou pas, le réquisitoire du ministère public ne laisse aucune chance à l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo dans l’affaire Bukanga Lonzo. 20 ans de travaux forcés, 10 ans d’inéligibilité, arrestation immédiate et privation du droit à la libération conditionnelle. Un réquisitoire jugé disproportionné pour certains.
L’audience du mercredi 23 avril 2025 s’est tenue sans la présence des prévenus. Mais qu’on se le dise : les faits reprochés à Matata Ponyo sont tout de même insupportables : détournements de plus de 280 millions de dollars destinés au projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, et à la construction d’un marché dénommé « marché international de Kinshasa » (Marikin). Selon le ministère public, de tous les plus de 280 millions de dollars décaissés, seuls un peu plus de 34 millions ont réellement été affectés au projet Bukanga Lonzo. Le reste se serait volatilisé dans la nature.
En attendant le verdict de la haute Cour annoncé pour le 14 mai 2025, je me pose plusieurs questions : pourquoi Matata a-t-il boycotté le procès pour se défendre ? Qui ne dit mot consent ?Simulacre de justice selon lui ? Que va-t-il faire si le verdict abonde dans le même sens que le réquisitoire ?
Ce qui est vrai c’est qu’à son âge (60 ans), passer 20 ans en prison auxquels s’ajouteront 10 ans d’inéligibilité, on peut dire qu’il fait définitivement ses adieux à la politique. Seuls un acquittement, un verdict clément ou une grâce présidentielle pourraient sauver la carrière politique de l’opposant Matata Ponyo. Autrement, ça s’annonce compliqué. En même temps, ce procès devrait servir de leçons à ceux qui sont aujourd’hui aux affaires. Les mauvais actes de gestion finissent toujours par rattraper leurs auteurs. Aujourd’hui, c’est Matata qui est poursuivi ; demain ce pourrait être quelqu’un d’autre du régime actuel.
Cependant, dans un contexte de nombreux autres cas de détournements de derniers publics en RDC, la justice devrait prouver son impartialité en lançant aussi des poursuites contre d’autres présumés détourneurs. Sinon, le procès Bukanga Lonzo risque d’être vu comme une chasse à l’homme ou un règlement de comptes.