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SOS : prostitution forcée dans la prison centrale de Mbujimayi

Ce qui se passe dans la prison centrale de Mbujimayi est tout simplement inadmissible. Tortures, prostitution forcée, falsification des dossiers, libération clandestine des détenus… Hélas, cela se passe quasiment à huis-clos.

Je ne souhaiterais jamais voir une fille ou une femme franchir le portail de la prison centrale de Mbujimayi dans le sens de l’entrée comme détenue. Savez-vous pourquoi ? Eh bien, il y a trop peu de chance qu’elle en sorte sans y avoir été violée. La plupart des femmes prisonnières sont soumises à une prostitution forcée dans cette maison carcérale. Cela se fait sous la surveillance d’un réseau tenu par la capita générale Mwa Mbuyi Meta, une prisonnière « en chef » condamnée à 20 ans de servitude pénale dans une affaire de meurtre.

Toute détenue qui s’oppose est flagellée

Un  témoin affirme avoir vu une femme nue recevoir 15 coups de fouet pour avoir boudé de coucher avec un homme qu’on lui a présenté. De jour comme de nuit, ces pauvres détenues subissent les sévices de leur bourreau comme à l’époque coloniale.

Maitre Gaulois Kazadi, avocat au barreau de Mbujimayi, qui tentait de plaider leur cause, a été interdit d’accès à la prison sur ordre, lui a-t-on dit, de la fameuse capita générale. Ici quand une femme mariée entre dans ce lieu de détention comme prisonnière, elle n’appartient plus à son mari ! Pour dénoncer cette situation, l’avocat et moi-même en avons parlé au ministre provincial de la Justice, Raphaël Kalala, mais aucune suite jusqu’à présent. Des jours passent depuis qu’il a promis de « mener des investigations ».

Des libérations arrangées

Les prisonniers de Mutshimunu (surnom de la prison centrale de Mbujimayi) ne perdent jamais espoir. Beaucoup comptent sur la contre façon des documents pour se faire libérer et échapper à purger leur peine. Bienvenue à la falsification des dossiers des détenus ! C’est une lieutenant du service pénitentiaire qui est présentée comme le cerveau de ce réseau maffieux de falsification des dossiers. Grace à elle, beaucoup de détenus ont réussi à quitter la prison. Je ne fais pas des affirmations en l’air. Il y a quelques mois, un capitaine des FARDC et son collègue lieutenant, tous les deux condamnés respectivement à 20 et 10 ans de prison ont été retrouvés miraculeusement en liberté. Je tais leurs noms. Les deux fugitifs ont été remis en prison, sous le regard désabusé de leur passeuse. Très réputée dans ce genre de pratiques illégales, la célèbre lieutenant n’a jamais fait l’objet de poursuites ni administratives ni judiciaires. Ne vous leurrez pas, la justice à double vitesse  existe encore dans ce pays. Non, ça doit cesser !

L’indifférence manifeste des autorités tant judiciaires que politiques, pourtant saisies sur la question, me semble suspecte. On dirait que, pour elles, tout va bien à la prison centrale de Mbujimayi. Bien au contraire. Plus grave, le ministre ne veut même plus rencontrer maitre Gaulois Kazadi pour aborder ces questions que j’estime embarrassantes pour lui. « J’ai beau tenter de voir son Excellence, mais il semble ne plus être disposé à parler de la prison avec moi », s’indigne l’avocat.

Privation de nourritures

Dans cette prison de Mbujimayi, c’est le directeur qui décide de la vie ou de la mort des pensionnaires. Il donne la nourriture à qui il veut et selon l’humeur du jour. Les femmes détenues ont été privées de ce droit le plus fondamental à la fin de l’année dernière. Le directeur de la prison les accusait d’avoir voté en 2018 pour un candidat autre que celui qu’il leur aurait conseillé. Heureusement pour elles, la visite du gouverneur du Kasaï-Oriental dans ce lieu carcéral a tout dévoilé ! L’homme a écopé d’une suspension avec ouverture d’un dossier disciplinaire. Dommage que les droits des prisonniers soient ainsi bafoués par les préposés de l’Etat.

 

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