article comment count is: 0

RDC : découvrez nos quatre héros vivants

Il faut jeter des fleurs à une personne quand elle est encore en vie, dit un adage. C’est cela la véritable reconnaissance. Hélas , c’est souvent aux morts que nous décernons le titre de héros. Mais à quoi cela leur servira-t-il ? Car ils sont déjà morts ! Je pense qu’il faut féliciter ceux qui sont encore en vie et qui se sacrifient nuit et jour pour le pays. Ce sont eux les héros vivants.

Je vous présente ici quatre héros congolais vivants. Ce sont tous ces hommes et femmes qui se distinguent par leur lutte dans ce Congo où les citoyens vivent comme des étrangers dans leur propre pays.

Les activistes pro-démocratie

En RDC, on ne peut parler de la démocratie sans y associer la lutte des activistes. Ce sont essentiellement des jeunes des partis politiques, de la société civile ou des mouvements citoyens. Ce sont eux qui affrontent la terreur du régime en place lors des marches pacifiques dans la rue. Beaucoup ont survécu à des tirs à balles réelles de la police ou de l’armée. Certains sont restés infirmes après avoir été blessés par balle. D’autres ont fait la prison et restent traumatisés toute la vie pour avoir réclamé le respect de la Constitution. Voilà nos héros vivants. Nous leur devons notre semblant de démocratie actuelle. Je ne devrai pas attendre qu’ils soient morts pour ensuite les proclamer héros ou héroïnes.

Les enfants du Kasaï

Vous savez que les forces du mal ont créé une guerre sale dite de Kamwina Nsapu au Kasaï. Des centaines de milliers d’enfants innocents en gardent d’indélébiles stigmates jusqu’à ce jour. Ils ont vu leurs parents être égorgés ou mitraillés en leur présence. On estime à plus de 700 000 enfants du Kasaï victimes de malnutrition sévère. Ils ne peuvent être scolarisés, car écoles et habitations ont été détruites. Ces pauvres enfants n’ont même plus de chair sur les os. J’en ai vu qui ne pouvaient même pas se tenir debout, tellement affaiblis par la famine. Tout ce qu’ils réclament c’est avoir quelque chose à manger comme les autres enfants du monde. Je pense que ne serait-ce qu’une cuillerée de céréales une fois par trois jours les aiderait à rester en vie. Pour moi, ce sont de petits héros vivants !

Assis sur des fosses communes où leurs parents ont été enfouis, ils se battent contre la faim, loin des projecteurs des caméras et de la communauté internationale. Si je pouvais les aider à soulager leurs souffrances, je l’aurais fait,  mais hélas…

Les femmes congolaises

Victimes de viols et de discrimination en toute sorte, les femmes de mon pays ne savent à quel saint se vouer. Je les voie pleurer de souffrance. Sans moyens, elles ont la charge des enfants et du mari. L’économie rurale du pays tourne grâce au travail de la femme. Cette femme congolaise qui se déplace toujours avec trois enfants : un dans le ventre, un attaché sur le dos et un autre qu’elle tient à la main pour le conduire à l’école ou à l’hôpital. Je ne peux plus supporter ce spectacle ! Pendant ce temps, son mari partage un verre de liqueur forte avec des amis. Elles sont nos héroïnes vivantes ces femmes congolaises.

Au village, beaucoup de ceux qui ont terminé leurs études primaires et secondaires savent que c’est parce qu’ils avaient une mère responsable, courageuse et travailleuse. De telles femmes sont pour moi des héroïnes vivantes. N’en déplaise aux misogynes. Femmes congolaises, vous méritez le respect de toute la nation.

Le peuple de Beni

C’est ici que mon cœur se déchire ! Qui tue à Beni ? A qui profitent tous ces crimes ? Tôt ou tard on le saura. Voilà que tout un territoire a été transformé en abattoir d’êtres humains. On égorge le matin, on viole le soir, on brûle les habitations la nuit, et on nous dit : « Nous sommes dans un État de droit. » Les fils et filles de Beni n’ont pas voulu aller en exil, ils préfèrent rester sur le sol de leurs ancêtres pour affronter courageusement le péril. Chaque jour, on entend des cris de détresse. Si ces vaillants compatriotes ne sont pas des héros vivants, quel autre titre pouvez-vous leur donner ? Beni tenez-bon, nous sommes de cœur avec vous.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion