60 ans jalonnés de crises multiformes. Assassinat de Lumumba, sécessions katangaise et kasaïenne, coups d’État militaires, avènement de Mobutu et du parti-Etat, guerres dites de libération succédant à la dictature de Mobutu, foisonnement de groupes armés autour des carrés miniers, crises électorales et de légitimité, et j’en passe.
60 ans d’indépendance qui se célèbre cette année sur fond d’une gestion sui generis du pays par une coalition atypique : cacophonie et embrouillamini. Depuis plusieurs mois, le pays vit une succession d’affaires. Des rebondissements dignes d’une série Netflix. Alors que certains ne se sont pas encore remis de la condamnation de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, c’est autour des lois Minaku et de la démission du vice-Premier ministre et ministre de la Justice de défrayer la chronique.
Les institutions au service des intérêts partisans
Pendant que le cadre constitutionnel lui-même est soumis aux clauses des deals et accords politiques opaques qui ne visent nullement le bien commun, le bien-être de la population demeure le cadet des soucis des hommes politiques. Tout ceci fait penser à la célèbre critique de Cicéron sur le déclin de l’empire romain : « C’est de notre propre faute, et non un accident, si nous n’avons gardé de la République que le nom, alors que nous en avons perdu la substance depuis très longtemps. » (Cicéron, De Re Publica I, xxv, 39).
60 ans après l’indépendance, le Congo de Lumumba semble n’avoir gardé de la République démocratique que le nom et l’apparence. Elle n’est, à vrai dire, ni une République au vrai sens du mot ni une démocratie au sens du pouvoir du peuple par le peuple. La tricherie électorale et le travestissement de la volonté du peuple en sont une preuve. La coalition au pouvoir s’épuise dans les chamailleries quasi quotidiennes, pendant que les populations sont abandonnées dans la misère et les conséquences incalculables de la Covid-19. Par ailleurs, des bruits de bottes se font entendre aux frontières du pays. Pardonnez-moi de le dire : nous en avons marre !
Alors je pose cette question : 60 ans après, que célébrons-nous en fait ? Quel combat avons-nous remporté ? Voici un mot de Bernard Dadié qu’il faudra longuement méditer en ce 60e anniversaire de l’indépendance : « Le travail et après le travail, l’indépendance, mon enfant ; n’être à la charge de personne, telle doit être la devise de votre génération. »
Mon rêve est que les enfants qui naîtront cette année, quand ils seront à leur tour des pères, trouvent un Congo prospère, solidaire et plus beau qu’avant. Ce n’est qu’après ça qu’on pourra dire : merci Lumumba.
Indépendance du Congo : pourquoi je ne la fêterai pas…
J’aime profondément ce pays qui m’a vu naître mais je reste sans voix quand je vois que 60 ans après cette fameuse indépendance, le bilan reste négatif.
Nous restons dans la même routine de promesses et d’acclamations. Les choses n’avancent pas et pourtant, certains se remplissent les poches au vu et au su de tous.
Je sais que pour espérer vivre au Congo, il vaut mieux ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre. La population n’a pas tellement le choix, le pays a été pris en otage.
Je ne fêterai pas cette dépendance, je ne jouerai pas au jeu qui veut que l’on applaudisse, que l’on décapsule bière après bière à la gloire d’un « hold up » organisé où les seuls gagnants sont ceux qui souffrent le moins dans ce pays.
Je disais donc au début de cet article que la farce en elle même me faisait rire 😂 . Le Congo fête 60 ans d’indépendance.
A 60 ans, pour un homme, c’est la période de la sagesse, des accomplissements et surtout, la période où l’on se prépare à céder la place à une autre génération après avoir posé des bases.
Où en sommes-nous?
Je ne fêterai pas la dépendance du Congo… mais à vous qui le faites, je vous souhaite d’avoir les bonnes raisons de vous dire congolais et fiers.
Analytique et rationnel votre article. Je vous encourage à demeurer objectif pour soutenir notre passion à s’informer utilement. Merci