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En RDC, ne tombez pas malade la nuit, certains hôpitaux ne vous recevront pas

Quand votre enfant ou quelqu’un de votre famille est subitement terrassé par une maladie, le premier réflexe et d’accourir à l’hôpital pour que des professionnels de santé le prenne en charge. Imaginez, quand vous y arrivez, le médecin ou les infirmiers refusent de toucher à votre patient par qu’il se fait tard, ou pire, parce que vous devez payer par avance ! Voilà qui me fait dire que certains médecins prêtent un serment hypocrite.

C’est la triste réalité dans plusieurs hôpitaux en République démocratique du Congo. Pourtant ces médecins ont prêté un serment de sauver des vies. Apparemment, quand il se fait tard la nuit ou quand on est pauvre, ce serment ne sert plus à rien !

Il est tard, ramenez votre enfant à la maison

« Je dénonce. Ma fille tombe brusquement malade à 21h. Les structures de santé refusent de l’admettre sous prétexte impitoyable qu’il fait tard. Dites-moi chers prestataires de santé : au moins vous, vous êtes capables de programmer qu’on ne tombe pas malade la nuit pour que vous puissiez vous donner le culot de ne pas admettre un malade la nuit ? Je dénonce  cette supercherie. Vous encouragez indirectement l’automédication et les risques de décès à domicile.  En cette période de pandémie et des épidémies, c’est le moment de mieux faire. Revoyez vos décisions. C’est injuste contre les malades ». C’est peu après 22 heures que Déo Siku poste ce cri d’alarme dans les réseaux sociaux ne sachant que faire de son enfant malade à la maison.

Les réactions foisonnent. Et plus vite on découvre qu’il n’est pas la seule victime de ce traitement. D’autres ont vécu même pire : des insultes de la part du personnel médical. Témoignage d’une femme vivant dans la ville de Butembo : «  Moi j’avais amené mon neveux un jour après minuit l’année passée. Une infirmière m’a insultée après que la sentinelle ait ouvert  le portail de la clôture après 30 minutes  d’insistance. Elle m’a dit qu’elle travaille beaucoup et quand elle essaie de sommeiller un peu, moi je viens la déranger. Elle m’a dit que d’ailleurs nous qui  venons la nuit, nous leur amenons des bandits. Ça m’a fait mal. »

Ce qu’en dit la justice

L’avocat Jérémie Muhiwa réagit : « C’est une question de vie. Si cet enfant mourait, l’hôpital en serait tenu pour responsable. Et avant que le pire n’arrive, il faut agir. Il s’agit d’une infraction de non-assistance à personne en danger. »

Un responsable de l’Ordre national des médecins, antenne de Goma, se dit officiellement non saisi sur cette question. D’autres médecins également déplorent cette situation. « Il est anormal qu’une structure refuse un malade. Je pense que ce sont des cas isolés. Il faut interpeller les centres cités », affirme docteur Frank, médecin chef de zone de santé intérimaire de Beni.

Les causes du refus de certains hôpitaux  

Dans les centres hospitaliers les plus indexés, personne ne nous répond sur cette question. Ce sont des structures privées voire appartenant à une confession religieuse. Et nous constatons  que le problème reste le même : l’insuffisance du personnel. Certains médecins et infirmiers sont obligés de faire le service de jour et de nuit, voire une partie du jour et de la nuit. Avec des journées de service d’environ 12 heures. Dans ces conditions, humainement parlant, un infirmier hyper fatigué, se sent dérangé par un malade durant  les heures nocturnes.

Par ailleurs, l’insécurité dans la région n’épargne même pas les structures sanitaires, alors que celles-ci devraient être sacrées pour tous. Les infirmiers de garde ont peur que des voleurs se fassent passer pour des malades. Et au-delà, le manque de confiance : «  Une structure sanitaire c’est aussi du business, un malade qui vient la nuit et ressort le matin… Certaines structures, par expérience, ne font plus confiance à leur personnel pour la comptabilité de ce service. Certains malins en prennent pour de l’argent de poche », me confie un médecin responsable d’une structure sanitaire à Beni.

 

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