Dans plusieurs coins et recoins de la RDC, et même à Kisangani où nous vivons, on entend souvent dire : « Ce garçon est maître, il est en troisième année de droit. » Et devant un gang ou un groupe de délinquants, on vous dit souvent : « Fais gaffe, tu parles au maître, il risque de te rouer de coups. »
De retour de l’école, un enfant peut parler de son « maître » qui lui a donné un devoir à faire à la maison, etc. Finalement qui est maître et qui ne l’est pas en RDC ?
Ce qu’il faut savoir sur le concept « maître »
Etymologiquement, le mot maître provient de maistre (1080) mot de l’ancien français issu du terme latin magister, lui-même dérivé de magis qui veut dire plus ou le plus. Dans tous les cas, ce terme désigne la personne la plus experte, qui excelle, et qui dès lors s’impose comme haute référence en une matière donnée.
Bien que ce vocable soit polysémique, force est de constater qu’en RDC il est utilisé à tort et à travers et ce, étonnamment, même par des intellectuels !
Tout juriste n’est pas maitre
Le droit est une faculté noble qui confère un certain prestige dans la société. Le faire n’est pas donné à tout le monde, sous d’autres cieux : il relève de la classe des nantis. On peut comprendre un peu que ceux qui embrassent cette faculté en RDC se croient très tôt sortis de la cuisse de Jupiter, en brulant d’envie de se faire appeler maîtres.
Mais détrompez-vous : faire le droit ne vous confère pas automatiquement le titre de maître. Loin de là ! Pour le mériter, il faut embrasser la carrière d’avocat, voire d’un officier ministériel.
Tout délinquant n’est pas maître
La délinquance juvénile fait de plus en plus tâche d’huile dans les villes congolaises. C’est en partie une conséquence de la pauvreté qui ne fait que s’aggraver chaque année. Dans un tel contexte, celui qui sait se faire craindre peut vivre, ou espérer obtenir une part du lion sur des opportunités qui se présentent. Et ils se font aussi appeler des maîtres : et ils ne manquent pas de disciples.
Etre délinquant ne confère point la qualité de maître. Certains termes sont malheureusement détournés de leur sens correct. Curieusement, même les personnes les plus instruites commettent les mêmes erreurs.