Depuis plusieurs jours, les utilisateurs du réseau Orange dans la région du Kasaï-Oriental, particulièrement à Mbujimayi, vivent une situation difficile, pour ne pas dire invivable. Le réseau, autrefois apprécié pour sa stabilité et ses performances, semble aujourd’hui à bout de souffle. Pannes prolongées, cartes SIM sans signal, appels impossibles, et des forfaits qui expirent sans avoir été utilisés… la frustration grandit chaque jour.
Pourtant, malgré la colère grandissante des utilisateurs, nombreux sont ceux qui avaient encore, jusqu’à récemment, une réelle confiance en Orange. Une confiance bâtie au fil des années, mais qui aujourd’hui se fissure lentement, mais sûrement. Pourquoi ? Parce que ce n’est plus juste une panne passagère. C’est une dégradation visible, prolongée, qui tranche avec les standards auxquels les abonnés étaient habitués.Avec un collègue, nous avons au mois de janvier dernier mené une étude sur le marketing digital d’Orange dans la province. Les résultats étaient clairs : l’opérateur domine le marché localement et bénéficie d’une base d’abonnés suffisamment fidèles. Mais cette fidélité repose sur un espoir : celui de voir les services s’améliorer, et non se détériorer. Or, aujourd’hui, cet espoir est mis à rude épreuve.
Le silence, un terrain fertile pour la spéculation
Ce qui alimente l’inquiétude, ce n’est pas uniquement la panne elle-même, mais le silence total qui l’entoure. D’ordinaire, Orange informe ses abonnés en cas de perturbation majeure. Cette fois, aucune explication. Aucune alerte. Rien. Et dans ce vide, la rumeur s’installe.
À Mbujimayi, il suffit de prêter un peu l’oreille à ce qui se dit dans la rue ou au marché pour comprendre : certains affirment qu’il faut retirer tout son argent d’Orange Money, de peur de tout perdre. D’autres, plus enclins à des théories du complot, prétendent que derrière la panne du réseau Orange se cacherait l’ancien président Joseph Kabila, qui selon eux chercherait à « nuire à la population ».
La rumeur n’a pas besoin de preuves. Elle se nourrit du silence, de l’inquiétude, et d’un manque criant d’informations fiables. Elle se propage comme un virus, plus rapide, plus pernicieux que la panne elle-même.
Et nos chaînes de radios dans tout ça ?
On aurait pu espérer que les radios locales jouent leur rôle de sentinelles. Qu’elles informent, rassurent, interrogent les bons acteurs. Au lieu de cela, elles semblent prises dans une autre spirale : celle de débats politiques sans fin. Des débats où l’information se noie dans des accusations et des slogans vides de sens.
Mais dans un contexte comme celui-ci, à qui revient la mission de calmer les esprits ? Qui prendra la parole pour dire que sans confiance, aucun service ni entreprise, ni projet numérique ne peut survivre ? Le tissu économique de notre province est déjà fragile. Le fragiliser davantage par la peur et les soupçons pourrait coûter bien plus cher que nous ne l’imaginons.
Orange doit sortir du silence, et vite !
Qu’on se le dise : les pannes, ça peut arriver. Ce que les abonnés attendent, ce n’est pas la perfection. C’est le respect. Et ce respect commence par la transparence et la communication. Une panne peut se comprendre ; un silence prolongé, non. Orange doit prendre la parole. Expliquer ce qui se passe. Donner une perspective. Et surtout, rassurer.
Car, lorsqu’on laisse les gens dans l’incertitude, ils finissent par inventer leurs propres explications. Et dans notre contexte, ces explications prennent vite des proportions incontrôlables.
Un mot à ceux qui répandent les rumeurs
Avant de relayer ce que vous avez entendu « à la radio », « chez le voisin », ou « au marché », prenez un peu de temps de vérifier. Posez-vous une simple question : et si c’était faux ? Car, une fausse information peut sembler inoffensive, mais elle peut provoquer de véritables dégâts : créer la panique, ruiner des réputations, nuire à des milliers de personnes.
Dans des temps comme celui-ci, nous avons plus que jamais besoin de responsabilité. Individuelle. Collective. Médiatique. Institutionnelle.
Parce que le plus grand réseau qui nous relie tous, ce n’est pas celui d’Orange. C’est celui de la confiance.