C’est le grand retour à l’essentiel. Les élections. Elles sont de nouveau au centre des débats en RDC, avec une révélation qui promet de secouer la majorité du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et en dépassement de mandat constitutionnel. Une revue de presse de Didier Makal.
L’hebdomadaire Jeune Afrique a publié, samedi 25 novembre 2017 des enregistrements audio révélant la stratégie électorale du régime. Devant les « lieutenants » du parti présidentiel, le PPRD, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) Corneille Nangaa, indique Jeune Afrique, a défendu l’importance pour ce parti de soutenir « le seuil de représentativité » proposé dans la loi électorale en attente d’examen au parlement. Un seuil fixé à « 3% du nombre total de suffrages valablement exprimés ». « Il faudrait au moins 900 000 voix à chaque parti ou regroupement politique pour participer à la répartition des sièges. C’est trop ! » estime le député Muyaya dans un autre article.
Autrement dit, ceux qui ne peuvent atteindre ce seuil, devraient rejoindre de grandes formations politiques. Bref, disparaître. « Le seuil de représentativité, c’est quelque chose qui remet le PPRD sur pied », estime Henri Mova Sakanyi. Il voudrait ainsi en finir avec « le partage du gâteau », entendez les portefeuilles ministériels, avec des partis « mosaïques », d’après les termes d’Aubin Minaku, le président de la majorité présidentielle qui précise que plusieurs ont été créés en vue de permettre au pouvoir de gagner les législatives.
Minaku et le PPRD, jusqu’auboutistes ?
« À quelques heures du débat, Minaku et le PPRD se demandent s’il faut aller « jusqu’au bout » » interroge Cas-info. Il constate, en effet, que « la révolte des alliés place le PPRD devant un choix difficile. Faut-il aller ou non jusqu’au vote de la réforme de la loi électorale ? » Commentant le fameux seuil de représentativité, il écrit : « Autrement dit, une perspective suicidaire pour les partis alliés au sein de la Majorité présidentielle qui se verraient obligés de se rassembler sous la bannière des grands partis, notamment le PPRD, pour espérer décrocher des sièges. »
D’après le quotidien Le Phare, de Kinshasa, le Rassemblement de l’opposition fustige « le caractère non consensuel du calendrier électoral » publié par la Céni en novembre 2017. Il le rejette aussi pour sa « non-conformité à la Constitution et à l’Accord du 31 décembre 2016 ».
Quelle position pour la Cenco ?
C’est sans oublier de rappeler d’autres préalables pour des élections démocratiques, transparentes et apaisées : « La libération des prisonniers politiques et d’opinions (Eugène Diomi Ndongala, Jean Claude Muyambo, Franck Diongo, Huit Mulongo), ainsi que tous les cadres et militants des partis de l’opposition privés de liberté en raison de leur engagement politique. Ils demandent également le retour au pays et en toute sécurité, de Moïse Katumbi ainsi que d’autres opposants en exil forcé à l’étranger. »
Les évêques catholiques, la Cenco, ont rappelé récemment ces mesures arrêtées dans l’accord sur la transition. « Jusqu’où irait la Cenco ? », interroge La Prospérité. La question se pose alors que les évêques réunis du 22 au 24 novembre avec au menu la situation politique et sociale en RDC, et que depuis la fin de assises, la presse ne trouve « rien à se mettre sous la dent ».
Le Phare attend, néanmoins, que la Cenco reste dans la ligne droite de sa dernière déclaration. Ce sera alors pour peut-être dire : « le pays se meurt. Congolais, lève-toi ! Le mois de décembre approche. »